Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est trouvé un allié canadien pour faire pression sur le gouvernement Harper en matière de changements climatiques et de développement durable: le maire de Montréal, Denis Coderre.

M. Coderre est sorti enchanté de son «excellente rencontre» avec M. Ban dimanche à Chicago, en marge des célébrations du 70e anniversaire de l'Organisation de l'aviation civile internationale, dont le siège est à Montréal. «Il a été impressionné par notre sortie à propos d'Enbridge. On a aussi parlé de TransCanada et des changements climatiques», a-t-il raconté à La Presse hier.

Des conditions

Ces derniers mois, M. Coderre a posé des conditions aux deux entreprises avant d'appuyer leurs projets de pipelines, qui passeraient notamment par la région de la métropole. Selon lui, les garanties proposées en matière de sécurité ne sont pas suffisantes.

Dans une entrevue à Radio-Canada diffusée hier et qu'il avait lui-même sollicitée, le secrétaire de l'ONU a critiqué, de manière à peine voilée, les politiques environnementales du gouvernement Harper. «J'exhorte le Canada à être porteur de plus grandes ambitions, à être plus visionnaire pour l'avenir de la planète», a-t-il déclaré, alors que commence aujourd'hui à Lima une conférence sur le climat sous l'égide des Nations unies.

Un appui qui tombe bien

Au moment où le maire de Montréal plaide pour un rôle accru des grandes villes face aux grands enjeux mondiaux, le secrétaire général de l'ONU lui offre une cause idéale. «Les villes peuvent jouer un rôle de premier plan pour passer des messages [aux autres ordres de gouvernement], notamment en matière de développement durable», soutient l'ancien ministre libéral, qui faisait partie «du gouvernement qui a signé [le protocole de] Kyoto».

Le message a bien été entendu. «Le secrétaire général salue l'initiative de M. Coderre pour l'établissement d'un réseau panaméricain des régions métropolitaines, notant que cela pourrait contribuer grandement à promouvoir le développement durable dans les zones urbaines», peut-on lire dans le communiqué onusien publié à la suite de leur rencontre.

«La réalité du développement durable commence [par les villes], estime M. Coderre. Ça commence par notre façon de faire nos routes, nos transports publics, nos politiques urbaines.» Le maire compte d'ailleurs faire valoir ce point de vue dans les négociations avec le gouvernement du Québec sur un statut particulier pour la métropole.

Sommet Montréal-Chicago

Au printemps prochain, un sommet Montréal-Chicago réunira les fonctionnaires et les élus des deux métropoles afin qu'ils s'inspirent mutuellement. C'est ce dont ont convenu hier Denis Coderre et le maire adjoint de Chicago, Steve Koch, à l'issue d'une courte rencontre. Selon M. Coderre, les perspectives de collaboration entre Chicago (2,7 millions d'habitants, 9,5 millions pour la région métropolitaine) et Montréal sont nombreuses: infrastructures, électrification des transports, voitures en libre-service, BIXI, traitement des eaux usées... La réélection attendue du maire de Chicago, Rahm Emanuel, en février prochain devrait assurer que le sommet ait bien lieu.

OACI: à Montréal pour de bon

La menace qatariote semble bel et bien chose du passé. En avril 2013, l'émirat du Golfe avait fait une offre alléchante à l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) pour qu'elle déménage son siège de Montréal à Doha. Après une vaste campagne des gouvernements canadien et québécois et la concession de nouveaux avantages à l'agence onusienne, le Qatar avait finalement retiré sa proposition. «On n'a pas à s'inquiéter, mais on reste vigilants», estime Denis Coderre, qui participait hier à Chicago aux célébrations du 70e anniversaire de l'OACI. L'organisation compte quelque 600 employés à Montréal et génère des retombées économiques de 100 millions par année.

Baseball

Rendez-vous manqué pour Denis Coderre avec les dirigeants des Cubs et des White Sox au cours de sa visite à Chicago, dimanche et hier. Tous les propriétaires du baseball professionnel sont actuellement à San Diego pour leur rencontre annuelle. Le maire se promet d'y retourner «pour leur dire que Montréal est une ville de baseball», comme il l'avait fait en octobre auprès du propriétaire des Dodgers de Los Angeles. Son rêve de voir une équipe renaître dans sa ville repose entre les mains des propriétaires des formations des ligues majeures.