Stephen Harper s'est targué hier d'avoir plafonné les émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon deux ans avant Washington, quelques heures après que l'administration Obama eut dévoilé sa politique phare en matière de lutte contre les changements climatiques.

Questionné par le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, le premier ministre a rappelé que son gouvernement a imposé dès 2012 des normes d'émissions aux centrales électriques. Selon lui, c'est Washington qui a emboîté le pas à Ottawa dans ce dossier.

« Le NPD vante aujourd'hui l'action de l'administration Obama, qui a agi deux ans après ce gouvernement et qui a pris des mesures qui sont loin d'aller aussi loin que celles de ce gouvernement. », a soutenu Stephen Harper.

Or, les normes annoncées par Ottawa pour réduire la pollution des centrales au charbon n'entrent en vigueur qu'en 2015, a souligné l'opposition, qui note qu'en ciblant la production d'électricité, le président Obama s'attaque à la plus importante source d'émission de GES aux États-Unis.

Au Canada, le secteur industriel le plus polluant - le pétrole et le gaz - n'est soumis à aucune norme en matière d'émissions. Et le gouvernement Harper tarde à en introduire, même s'il promet de le faire depuis plusieurs années.

« L'éléphant de carbone dans la pièce sont les réglementations sur le pétrole et le gaz qui ont été promises lorsque John Baird était ministre de l'Environnement en 2007 et qui ont été pelletées en avant par tous ses successeurs jusqu'à ['actuelle ministre] Leona Aglukkaq, qui ne promet plus rien du tout », a dénoncé la chef du Parti vert, Elizabeth May.

« Le président Obama montre du leadership et M. Harper n'en a pas », a renchéri le député du Parti libéral, Stéphane Dion.

Selon lui, le premier ministre devrait dire tout de go qu'il n'a « aucun plan » pour atteindre les cibles qu'il s'était fixées à la conférence de Copenhague en 2009. Ottawa souhaite réduire, d'ici 2020, les émissions canadiennes de GES de 17 % par rapport à 2005.

Deux rapports fédéraux, un de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, l'autre du commissaire à l'environnement, ont prévenu qu'Ottawa est en voie de rater sa cible.

« Le plan Obama va permettre aux États-Unis d'atteindre ses objectifs de Copenhague tandis que le Canada n'arrivera même pas à faire la moitié de son objectif, a noté le chef néo-démocrate Thomas Mulcair. Ça, c'est la réalité. Le reste, c'est juste du spindes conservateurs. »

Le gouvernement Harper s'est attiré un concert de critiques sur la scène mondiale en retirant le Canada du protocole de Kyoto.

Ottawa mise sur une approche « sectorielle » pour combattre les changements climatiques. Le gouvernement conservateur souhaite imposer à chaque secteur industriel des règlements pour limiter ses émissions.

Or, jusqu'ici, seules les industries du transport et de la production d'électricité ont été soumises à de nouvelles normes.