Les effets physiques et économiques du changement climatique sont déjà évidents aux États-Unis, a affirmé mardi la Maison-Blanche, appelant à agir «d'urgence» face à ce phénomène, un volumineux rapport à l'appui.

«Il y a beaucoup de choses que nous pouvons faire» contre le réchauffement, a déclaré le président Barack Obama à l'antenne de CBS. «Mais cela ne va se produire que si les Américains et les gens dans le monde entier s'attaquent sérieusement à ce dossier», a-t-il ajouté.

«Il va nous falloir faire plus, et cela ne devrait pas être une question de politique partisane», a affirmé M. Obama, dont les ambitieuses promesses en matière de lutte contre le changement climatique se sont brisées depuis 2009 sur l'intransigeance des élus du Congrès.

Le réchauffement «n'est pas une menace éloignée», mais une réalité parfaitement d'actualité, avait résumé avant le président son conseiller scientifique, John Holdren.

Accès à l'eau menacé et incendies de plus en plus tôt dans la saison dans le Sud-Ouest, précipitations de plus en plus brutales dans le Nord-Est, côte de Floride attaquée par la montée de l'océan: cet état des lieux constitue «la sonnette d'alarme la plus forte et la plus nette» jamais émise sur les conséquences de ce phénomène aux États-Unis, a ajouté M. Holdren.

Le but de «l'état des lieux national sur le climat», fruit du travail sur quatre ans de centaines de scientifiques, «est de fournir des informations aux Américains d'une façon compréhensible et exhaustive, pour qu'ils comprennent mieux les effets du changement climatique sur leur région», a développé le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney.

Ce rapport, qui compile des données déjà publiées, anticipe les critiques des «climatosceptiques» en énonçant de multiples exemples argumentés et illustrés de la réalité du phénomène et de son origine humaine.

Inégalement répartis sur l'immense territoire nord-américain, les effets du changement climatique se font ressentir de façon très spectaculaire en Alaska, qui «s'est réchauffé deux fois plus vite que le reste des États-Unis», note le rapport, en pointant des «changements majeurs aux écosystèmes» dus à la disparition des glaciers, ainsi que des «dégâts aux infrastructures» avec le dégel du permafrost.

Critiques républicaines

Des équipements vitaux pour l'économie se retrouvent également sous la menace de la montée des eaux ou de l'accroissement déjà constaté du nombre de cyclones tropicaux, souligne cet état des lieux.

Il mentionne en particulier la route numéro 1 en Louisiane (sud), stratégique pour la production pétrolière. Cette route «est en train de s'enfoncer, alors que le niveau de l'eau monte». Le rapport estime à 7,8 milliards de dollars le manque à gagner pour l'économie américaine si cette seule route était inutilisable pendant trois mois.

De façon plus générale, «le changement climatique augmentera les coûts des systèmes de transport du pays», prévoient les scientifiques, qui préconisent des «mesures d'adaptation importantes» pour les surmonter. Le rapport évoque aussi le secteur agricole, contraint à composer avec des hivers plus courts.

«Les conclusions de cet état des lieux sur le climat soulignent la nécessité d'agir d'urgence face à la menace du changement climatique, de protéger les Américains et les collectivités et d'oeuvrer à un avenir durable pour nos enfants et petits-enfants», plaide la Maison-Blanche.

Le rapport, mis en ligne à l'adresse www.globalchange .gov, s'inscrit dans le contexte des efforts de M. Obama pour faire progresser un programme de lutte contre le réchauffement, resté lettre morte au Congrès.

Depuis, ces derniers ont perdu la Chambre des représentants au profit des républicains. De nombreux conservateurs rejettent de nouvelles lois fédérales sur les émissions polluantes, qui risquent selon eux d'étrangler la croissance et l'emploi.

Le sénateur de Louisiane David Vitter a ainsi qualifié mardi le rapport d'outil «politique pour justifier davantage d'interventionnisme de l'État» dans la vie des Américains.

«Même si nous appliquions le genre de régulations sur l'énergie que le président semble tellement vouloir, cela n'aurait sans doute pas d'effet significatif sur les émissions au niveau mondial, sauf si d'autres grands pays industriels font de même», a de son côté affirmé le chef de la minorité au Sénat, Mitch McConnell.

En juin 2013, M. Obama avait dévoilé une vaste initiative pour combattre le réchauffement climatique, en s'attaquant aux émissions de gaz à effet de serre des centrales au charbon et en développant davantage les sources d'énergie propre, le but étant de réduire d'ici à 2020 les émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport à leur niveau de 2005.