L'ancien président américain Jimmy Carter estime que la lutte contre le changement climatique a une chance de réussir si les États-Unis et la Chine, les deux principaux pollueurs, négocient entre eux une «formule» à long terme, à laquelle se rallieront les autres pays.

«La Chine est la plus importante et la plus influente des nations en développement, et souffre probablement plus de la pollution de l'air et de l'eau que n'importe quel autre pays», a déclaré mardi à l'AFP M. Carter, de passage à Paris.

D'autre part, «les États-Unis sont peut-être la nation la plus influente sur terre, économiquement et politiquement, et nous avons la chance d'avoir d'énormes capacités technologiques».

Aussi l'ancien président appelle à «réunir» ces deux États en tant que «dirigeants du monde occidental et du monde en développement, et faire en sorte qu'ils s'entendent sur une formule qui corrige efficacement et à long terme la détérioration de l'environnement, du changement climatique».

Si un tel accord était scellé, selon lui, «les autres pays suivraient». «L'Inde le ferait, je pense que l'Union européenne aussi, je le pense aussi des pays d'Amérique latine».

M. Carter a indiqué avoir «encouragé» le président chinois Xi Jinping en ce sens. «Je n'ai pas encore parlé au président Obama mais je sais que John Kerry (secrétaire d'État, nldr) l'envisage déjà», a-t-il ajouté, précisant qu'il allait revoir Xi Jinping lors de la première semaine de septembre.

La communauté internationale s'est donné pour objectif de parvenir à un accord sur les émissions de gaz à effet de serre (GES) lors de la conférence de Paris fin 2015 afin de limiter le réchauffement à 2°C par rapport à l'ère pre-industrielle, alors que la trajectoire actuelle est de plus de 4°C.

L'accord, légalement contraignant et qui doit engager tous les pays, sera très difficile à sceller dans le cadre des grandes négociations onusiennes à plus de 190 pays. Une précédente tentative à Copenhague, fin 2009, a échoué.

La Chine, qui représente 23% des émissions de GES, exige que les pays industrialisés réalisent la part la plus importante de cet effort, en raison de leur responsabilité historique dans le réchauffement climatique et au nom du droit au développement des pays du Sud.

Les États-Unis (15% des GES mondiaux) s'opposent fermement à une telle distinction.

M. Carter était à Paris dans le cadre d'une tournée des «Anciens» (Elders), personnalités de différents pays oeuvrant pour le règlement des conflits dans le monde, avec Mary Robinson, ex-Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme et ancienne présidente d'Irlande.

Lors d'une rencontre mardi avec des étudiants de Sciences-Po, M. Carter a déclaré que le changement climatique était «le plus grand défi que l'humanité a eu à relever dans son histoire».

«Les prochains 18 mois vont (...) être déterminant pour un succès (...) ou un échec catastrophique», a-t-il ajouté.