Pour contrer les effets des changements climatiques, il faut prévoir une baisse de la consommation de pétrole et de charbon, mais une hausse de la consommation de gaz naturel d'ici 2035.

En revanche, si rien n'est fait pour le climat, la demande de pétrole et de charbon continuera d'augmenter.

C'est une des nombreuses conclusions du rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie (World Energy Outlook), publié hier, alors que se déroule à Varsovie la 19e Conférence des Nations unies sur le climat.

L'Agence, qui regroupe les grands pays occidentaux consommateurs d'énergie, a étudié trois scénarios.

Stabiliser le climat

Un seul des trois, appelé «450», permettrait de stabiliser le climat. Dans ce scénario, le taux de gaz carbonique dans l'atmosphère se stabiliserait à 450 parties par million, ce qui donnerait 50% de chances de limiter le réchauffement à 2 °C. C'est la limite établie en 2009 au Sommet de Copenhague afin de ne pas causer de changements climatiques dangereux.

Les deux autres scénarios projettent une augmentation continue des gaz à effet de serre (GES) et un réchauffement accéléré.

Si rien n'est fait, estime l'Agence, «les émissions de dioxyde de carbone reliées à l'énergie vont augmenter de 20% en 2035, et le monde continuerait à s'acheminer vers un réchauffement de 3,6 °C à long terme, loin au-dessus de la cible de 2 °C reconnue internationalement».

Pétrole et charbon

Dans le scénario de stabilisation climatique, la demande de pétrole serait en baisse de 13% en 2035 par rapport à 2011.

Cela n'est pas de bon augure pour les projets de nouvelles infrastructures énergétiques à coût élevé, comme les raffineries et les pipelines, note l'Agence.

Le prix du pétrole serait alors à 100$ le baril en 2035, contre 145$ si aucune nouvelle mesure n'est prise. Cela pourrait toucher les projets de ressources pétrolières les plus coûteuses, comme les sables bitumineux ou les forages en haute mer.

La demande de charbon devrait reculer encore plus - de 33% - si on souhaite stabiliser le climat.

L'AIE est un des grands partisans des technologies de capture et de séquestration de carbone (CCS). Ces équipements coûteux permettent d'enfouir dans le sous-sol le gaz carbonique des centrales thermiques. Mais l'Agence se rend à l'évidence: en 2035, seulement 1% des centrales thermiques seront munies d'une unité de CCS.

En revanche, l'Agence confirme que la stabilisation du climat implique des investissements massifs dans les énergies renouvelables et le nucléaire.

Pour y arriver, il faudra rediriger les subventions aux combustibles fossiles vers les nouvelles sources d'énergie propres. Ces subventions devront doubler entre 2012 et 2035, pour passer de 101 milliards à 220 milliards.

Variation de la demande entre 2011 et 2035

(Scénario de stabilisation climatique)

Charbon: - 33%

Pétrole: - 13%

Gaz naturel: + 20%

Bioénergie: + 70%

Énergie nucléaire: + 126%

Hydroélectricité: + 83%

Autres énergies renouvelables: + 817%

Sources: Agence internationale de l'énergie, La Presse