La Banque mondiale a appelé mardi à mettre un terme aux querelles «stupides» sur la réalité du changement climatique et à passer à l'action face à l'onde de choc du typhon aux Philippines.

«J'espère que la tragédie aux Philippines va nous aider à nous éloigner de ce que je pense être des querelles stupides (...). Il est important que la planète réfléchisse à ce qui se passe», a affirmé le président de l'institution Jim Yong Kim, alors que des négociations internationales sur le climat se tiennent à Varsovie.

La violence du typhon Haiyan, l'un des plus puissants à avoir jamais touché terre, conjugué aux ouragans Sandy aux États-Unis ou Thane en Inde devrait, selon lui, définitivement clore le débat lancinant sur la réalité du réchauffement planétaire.

«Ces évènements arrivent de plus en plus souvent comme l'avaient prédit les experts scientifiques sur le climat», a assuré M. Kim, pour qui la responsabilité de l'homme dans le processus ne fait plus aucun doute.

«95% des experts scientifiques sur le climat sont d'accord pour dire que le changement climatique anthropique (créé par l'homme, ndlr) est une réalité et qu'il faut agir, faute de quoi les conséquences seront graves», a estimé le dirigeant.

Selon M. Kim, ceux qui contestent ces conclusions ne s'appuient sur aucune base scientifique et ne font en réalité que contester «la science dans son ensemble».

Leur nombre serait par ailleurs en recul. Selon Nicolas Hulot, envoyé spécial du président François Hollande sur le climat, «le carré négationniste des climato-sceptiques se réduit de jour en jour», avait-il déclaré mi-octobre.

Agir sans attendre

«Cessons ces querelles et allons de l'avant! (...) Faisons les investissements dont nous avons besoin», a martelé M. Kim, dont l'institution tente depuis plusieurs mois de prendre le leadership de la lutte contre le réchauffement climatique.

Le temps presse, selon M. Kim, ajoutant que les grandes sécheresses dans la région africaine du Sahel se produisaient désormais «tous les 2 à 3 ans» contre tous les «cinq à dix ans» auparavant.

Dans ce contexte, le dirigeant appelle à agir, sans attendre les résultats de la 19e conférence de l'ONU sur le climat qui s'est ouverte lundi dans la capitale polonaise, et qui doit poser les bases d'un accord global sur la limitation des gaz à effet de serre en 2015.

«Nous ne pouvons pas être dans la situation où tout le monde attend que ces accords soient conclus et qu'on fasse un constat d'échec sur la lutte contre le changement climatique s'ils ne le sont pas», a tonné M. Kim.

Selon le dirigeant, un accord contraignant ne doit en aucun cas être une condition sine qua non de la mobilisation internationale.

«Plutôt que de nous focaliser sur des obligations légales, nous devrions nous engager fermement à faire les choses que nous sommes en mesure de faire dès maintenant», a assuré M. Kim, arrivé à la tête de la Banque mondiale à l'été 2012.

Selon le dirigeant, des actions peuvent être menées sans attendre pour développer les énergies renouvelables et une agriculture moins consommatrice d'énergie et inciter les pays à construire différemment les grandes villes, responsables de «60 à 70%» des émissions de C02.

La Banque mondiale a, elle, d'ores et déjà pris l'engagement de ne plus soutenir de centrales basées sur des énergies fossiles. «Nous ne financerons plus de projets de centrale à charbon à moins qu'il n'existe aucune autre alternative», a répété M. Kim.

Un projet de centrale à charbon au Kosovo, financé par la BM, reste vivement contesté par les organisations de défense de l'environnement. Mais il s'agirait du seul projet de ce type actuellement soutenu par l'institution sur le globe, a affirmé M. Kim.

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