Le gouvernement conservateur a réagi à la publication d'un rapport international concluant que le réchauffement climatique est «sans équivoque» en blâmant l'inaction passée du Parti libéral du Canada (PLC) et en critiquant un hypothétique projet de taxe sur le carbone du Nouveau Parti démocratique (NPD).

Dans un rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), les scientifiques soutiennent qu'ils ont désormais la quasi-certitude que l'activité humaine est la principale cause des changements climatiques observés à l'échelle planétaire depuis les années 1950.

Le rapport publié vendredi signale que les conséquences sont particulièrement évidentes dans l'hémisphère Nord, et que la fonte des glaces dans l'Arctique s'est accélérée depuis le précédent rapport produit par le GEIC en 2007.

Par voie de communiqué, la ministre fédérale de l'Environnement, Leona Aglukkaq, a soutenu que le Canada jouait un rôle de leader en matière de lutte aux changements climatiques.

«Contrairement au précédent gouvernement libéral, sous qui les émissions de gaz à effet de serre ont augmenté de près de 30 pour cent, ou au NPD, qui désire imposer une taxe sur le carbone de 21 milliards $, notre gouvernement réduit les gaz à effet de serre et défend les emplois canadiens», a-t-elle soutenu.

Des études indépendantes tendent cependant à démontrer qu'Ottawa pourrait avoir de la difficulté à respecter ses engagements internationaux au chapitre de la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Même le ministère fédéral de l'Environnement estime que le Canada n'atteindra probablement que la moitié de son objectif visant à réduire ses émissions polluantes de 17 pour cent d'ici 2020 par rapport aux niveaux de référence de 2005.

Et les réductions déjà enregistrées ont été effectuées à 75 pour cent par les provinces, révèle un rapport de 2012 de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, un organisme qui a depuis été fermé par les conservateurs.

Au NPD, on affirme que les déclarations de la ministre sont embarrassantes pour le Canada.

«Ce rapport devrait être un catalyseur pour agir vis-à-vis de l'un des plus grands défis environnementaux de notre génération, et non pas servir de base à des attaques conservatrices contre des politiques inexistantes du NPD», a déclaré la porte-parole néo-démocrate en matière d'environnement, Megan Leslie.

John McKay, le porte-parole libéral en matière d'environnement, a quant à lui qualifié de «vraiment stupide» la sortie de la ministre Aglukkaq.

«Tant et aussi longtemps que vous n'envisagez pas sérieusement de mettre un prix sur le carbone, vous n'êtes pas sérieux en termes de changements climatiques», a-t-il dit, avant d'ajouter que plusieurs gouvernements provinciaux avaient déjà reconnu ce fait.

Activité humaine

C'est la première fois que les membres du GIEC utilisent le terme «extrêmement probable» pour expliquer le réchauffement climatique. Le précédent rapport en la matière, qu'ils avaient publié en 2007, affirmait que l'incidence humaine était «très probable».

Le groupe de recherche affirme que le rôle humain dans les changements climatiques peut maintenant être vérifié dans le réchauffement atmosphérique et des océans, dans l'élévation des niveaux des mers, dans la fonte des glaces et par la succession d'événements climatiques extrêmes.

«C'est un cinquième rapport qui confirme ce qu'on sait, ce qu'on aurait dû réaliser et ce qui aurait dû nous faire agir non seulement au niveau de la planète, mais au niveau du Canada et du Québec», a résumé André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

«Il y a eu un ralentissement dans la cadence d'augmentation de la température au niveau de l'atmosphère, mais c'est remplacé par une augmentation de la température et du niveau des mers», a-t-il poursuivi.

Le rapport conclut en outre que l'augmentation du niveau des mers a été deux fois plus rapide entre 1993 et 2010 que pendant la période de 1901 à 2010.

On y avance également que les régions plus humides auront tendance à devenir de plus en plus humides, tandis que celles qui sont déjà sèches le deviendront encore davantage en raison des impacts des changements climatiques, a soulevé en entrevue téléphonique Alain Bourque, directeur général d'Ouranos.

Les phénomènes climatiques extrêmes devraient également suivre une tendance à la hausse, selon le dirigeant de ce consortium sur la climatologie et l'adaptation aux changements climatiques composé de 250 scientifiques.

«On s'attend à ce qu'il y ait davantage de canicule, d'événements de précipitations abondantes dans les régions déjà propices aux orages», a résumé M. Bourque.

Le GIEC est un organe ouvert à tous les pays membres des Nations unies et de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Son rapport est basé sur 9000 articles scientifiques réalisés par plus de 2500 scientifiques travaillant avec l'ONU.