Al Gore, co-lauréat du prix Nobel de la Paix en 2007 avec les experts du climat du GIEC, estime que la crise climatique «s'est aggravée» depuis six ans, mais entend rester optimiste sur l'avenir de la planète, dans un entretien au quotidien français Le Monde daté de jeudi.

«La crise s'est aggravée», affirme l'ancien vice-président américain. «Nous continuons à déverser chaque jour dans l'atmosphère 90 millions de tonnes d'émissions polluantes, comme si c'était un égout à ciel ouvert», souligne-t-il.

«On en mesure les conséquences: des sécheresses plus intenses et des orages qui déversent des pluies beaucoup plus fortes. Les prévisions pour la France, l'Italie, l'Espagne, tout le sud de l'Europe sont particulièrement catastrophiques», juge Al Gore, qui publie le 12 septembre en France son nouveau livre : Le Futur. Six logiciels pour changer le monde.

Après avoir alerté sur le changement climatique, notamment avec son documentaire Une vérité qui dérange, Al Gore avait été lauréat du prix Nobel de la Paix en 2007 en compagnie du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), l'organe scientifique de référence qui dresse régulièrement l'état des lieux sur le réchauffement.

Al Gore constate toutefois une baisse de la mobilisation autour de la lutte contre le changement climatique. Un phénomène notamment dû, selon lui, à «la grande récession de l'automne 2008», à «la découverte de vastes réserves de gaz de schiste exploitables grâce aux progrès technologiques réalisés dans les forages horizontaux et la fracturation hydraulique» ou l'échec du sommet de Copenhague en 2009.

Pour autant, il affirme être optimiste en raison d'un «renversement de situation» depuis deux ans.

«Les événements météorologiques extrêmes liés à la crise climatique sont devenus trop massifs et trop fréquents pour être ignorés», souligne-t-il, citant l'ouragan Sandy qui a frappé New York, les incendies dans l'Ouest américain ou encore les inondations au Pakistan et en Australie.

Par ailleurs, il estime que la réduction progressive des coûts de l'électricité d'origine photovoltaïque ou éolienne permet maintenant à «une majorité des habitants de la planète» d'acheter cette électricité verte «à des prix inférieurs au coût de l'électricité générée par d'autres sources».

Plusieurs dirigeants mondiaux, assure aussi Al Gore, sont désormais mobilisés autour du sujet climatique, à commencer par le président américain Barack Obama qui «a changé» depuis sa réélection et qui, désormais, «pense davantage à la marque qu'il va laisser dans l'histoire».

Le GIEC publiera le 27 septembre le premier volet de son nouvel état des lieux publié en quatre temps jusqu'à l'automne 2014.