La commissaire européenne chargée du climat Connie Hedegaard a souligné mercredi qu'avoir vu de ses propres yeux l'impact de la montée des eaux sur les petits pays du Pacifique lui avait fait prendre conscience de l'urgence de la situation.

«Le sentiment d'urgence est évident et visible quand on est sur place», a-t-elle déclaré à l'AFP dans un entretien en marge du sommet du 44e forum des îles du Pacifique (FIP), qui se tient cette semaine aux îles Marshall, dont la surface se situe à peine un mètre au-dessus du niveau de l'eau.

«Le temps presse. Le monde doit agir de concert. Ceux qui sont les plus vulnérables sont de plus en plus impatients, et pour de bonnes raisons», a-t-elle ajouté.

Aux îles Marshall, les digues qui protègent de la mer s'érodent, et des marées record ont envahi la capitale, Majuro, en juin. Des zones de l'archipel connaissent une sècheresse exceptionnelle et plusieurs puits de villages sont contaminés avec de l'eau de mer.

«Il est tout à fait impressionnant dans cette région de voir ces pays qui ont réellement entamé le processus de transition vers l'énergie (renouvelable) en dépit de leurs difficultés et de leurs limitations», a déclaré la commissaire. «Ils n'ont pas créé le problème climatique, ils ne sont pas coupables, mais ils savent que chacun de nous doit faire ce qu'il peut».

Ces pays qui se situent à la frontière du changement climatique donnent «un exemple moral» qui rend plus difficile pour les grands pays de dire qu'ils ne peuvent pas encore se fixer des objectifs d'émissions carbone, selon elle.

De son côté, Enele Sopoaga, premier ministre des Tuvalu, un autre archipel du Pacifique, a appelé à une réduction de la paperasse réclamée par les grands pays donateurs pour accorder des financements destinés aux projets de lutte contre les effets du réchauffement climatique.

«Aux Tuvalu, vous avez sans doute besoin de passer une bonne année à remplir des papiers, écrire des rapports, animer des ateliers, travailler avec des consultants, avant d'avoir un projet qui puisse être présenté», a-t-il regretté.

«C'est une durée inacceptable alors que nos terres subissent sans cesse l'érosion. Nous devons faire mieux que ça», a jugé le ministre.

À l'issue de ce forum de quatre jours, les pays membres du FIP devraient se mettre d'accord sur une «déclaration de Majuro», qui prévoit la prise d'actions concrètes sur le changement climatique.

Cette déclaration sera alors présentée au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon lors de l'assemblée générale à New York fin septembre, afin de convaincre la communauté internationale que certains pays voient leur existence menacer.

Des représentants des États-Unis, de la Chine, de l'Union européenne, de l'Inde et de la Russie seront également présents lors de cette réunion.