Une théorie farfelue veut que les Mayas nous annoncent la fin du monde pour le mois prochain, mais ce peuple ancien lance plutôt un réel message: les sociétés sont dépendantes du climat.

En effet, une étude d'une précision sans précédent confirme que la naissance, l'apogée et la chute de la société maya classique sont étroitement liées aux conditions climatiques.

L'étude, publiée aujourd'hui jeudi dans la revue Science, porte sur l'analyse d'une stalagmite prélevée en 2010 dans une grotte du Belize. Son analyse a permis de reconstituer la quantité de pluie tombée durant près de 2000 ans.

«La méthode de datation que nous avons utilisée n'est pas nouvelle, mais l'échantillon analysé est particulier, en ce sens que la stalagmite a grandi rapidement et continuellement durant toute la période», a expliqué à La Presse Douglas Kennett, professeur d'anthropologie environnementale à l'université PennState et auteur principal de l'article.

Les précipitations ont donc pu être mesurées pour des intervalles aussi précis que de 5 à 10 ans, dit-il.

La précision remarquable de l'analyse a pu être couplée aux données archéologiques, également très précises, laissées par les Mayas. «Le "compte long" du calendrier maya est bien connu, et la plupart des événements renvoient à un jour précis», rappelle M. Kennett.

La recherche conclut que la civilisation maya est née durant une période très humide qui a favorisé l'agriculture. Les basses terres du pays maya sont dépourvues de rivières et sont très dépendantes des précipitations, dit M. Kennett.

«La période du Classique ancien (250 à 600 ans apr. J.-C.) est marquée par les conditions les plus humides depuis 2000 ans, dit-il. C'est dans ce contexte que se sont établies les grandes cités mayas de Tikal (Guatemala), Calakmul (Mexique), Copan (Honduras) et Caracol (Belize). La population de certaines de ces cités a atteint 65 000 personnes.»

Les premiers signes d'une fragmentation des sociétés mayas surviennent entre 760 et 800, ce qui correspond à une période sèche, selon la recherche.

Les archéologues notent beaucoup d'activité politique durant ces années. Les dirigeants commandent des monuments gravés à une cadence sans précédent. Les textes de ces documents «indiquent un paysage géopolitique dynamique et instable». «Il y a encore des sécheresses significatives entre 800 et 950, mais la population persiste, dit M. Kennett. Puis, entre 1010 et 1100, une très grande sécheresse affecte ce qu'il reste de la population maya.»

Cette succession de périodes humides et sèches est attribuable à plusieurs cycles naturels du climat qui touchent les masses d'air océaniques.

À son apogée, la densité de la population maya était d'environ 145 personnes au kilomètre carré, semblable à celle du Mexique aujourd'hui. «La population de peut-être 3 ou 4 millions à son apogée est réduite à moins d'un dixième de cela», précise le chercheur.

Pourquoi la civilisation maya n'a-t-elle pu s'adapter à son nouveau climat? «Les Mayas ne se sont jamais organisés à plus grande échelle pour offrir une réponse collective, dit M. Kennett. Une réponse possible aux changements climatiques est de devenir une société plus simple, et c'est ce que les Mayas sont devenus. Ils sont encore là, mais aujourd'hui ce sont des paysans toujours très dépendants du climat.»