Les politiques adoptées par Ottawa et les provinces ne permettront pas au Canada d'atteindre sa cible de réduction des gaz à effet de serre d'ici 2020, prévient un comité consultatif, dans un rapport publié mercredi matin. Il appelle le gouvernement fédéral à mieux coordonner ses efforts à ceux des provinces pour y parvenir.

La Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie affirme que le Canada est en voie d'échouer à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 17% par rapport au niveau de 2005. Cette cible, qui est moins ambitieuse que celle du protocole de Kyoto, avait été adoptée par le gouvernement Harper lors de la conférence de Copenhague.

C'est le deuxième rapport en autant de mois à lancer le même avertissement. Début mai, le commissaire à l'environnement, Scott Vaughan, a lui aussi prévenu que le Canada était en voie de rater ses propres objectifs.

La Table ronde souligne que des progrès ont été réalisés dans les efforts pour faire fléchir les émissions de GES, tenus responsables des changements climatiques. Les règlementations adoptées par les provinces sont à l'origine de 75% des réductions du pays jusqu'ici.

Mais en tenant compte de toutes les politiques adoptées ou à venir, l'organisme prévoit que le pays ne sera qu'à mi-chemin de ses objectifs en 2020. Car bon nombre des progrès seront annulés en raison de la croissance économique, particulièrement dans les secteurs du pétrole et du gaz.

Pire: les mesures qui permettront au Canada d'atteindre l'autre moitié de ses objectifs seront les plus coûteuses à implanter.

«Il est clair que parce que le Canada n'a pas établi une approche nationale coordonnée touchant tous les secteurs de l'économie dans le cadre de sa politique climatique, les gouvernements se sont d'abord principalement concentrés sur les mesures de réduction les moins coûteuses, souligne la Table. À mesure que ces mesures s'épuisent, il faudra mettre en place des mesures de réduction des émissions à coût élevé pour atteindre la cible de 2020.»

Le gouvernement Harper a choisi une approche «sectorielle» pour réduire les émissions canadiennes de GES, c'est-à-dire que chaque secteur industriel se verra imposer des règlements pour limiter la pollution. Mais jusqu'ici, les règlements adoptés ne touchent que les secteurs des transports et de la production d'électricité. Une réglementation pour encadrer le secteur dont les émissions croissent le plus rapidement, le pétrole et le gaz, est toujours sur la planche à dessin.

Le panel recommande aux gouvernements fédéral et provincial de mieux accorder leurs violons pour s'attaquer aux émissions de GES.

Les provinces craignent que les règlementations fédérales touchant les industries n'aient des impacts sur leurs propres politiques en matière d'énergie et de climat. Et dans l'absence d'un dialogue entre les différents paliers de gouvernement, «d'autres politiques, plus efficaces, par exemple la tarification du carbone, n'ont pas été explorées ou ont été écartées».

«Pour atteindre la cible de 2020, le Canada doit faire un choix, qui incombe principalement au gouvernement fédéral: soit chacun fait cavalier seul, soit tous travaillent de concert, précise le rapport. Autrement dit, on maintient le statu quo ou on réglemente.»