Les Européens, après avoir arraché en décembre le principe d'une «feuille de route» prévoyant la signature en 2015 d'un accord international plus ambitieux pour le climat, veulent sans perdre de temps en préciser les contours alors que les négociations reprennent lundi en Allemagne.                

L'objectif est d'augmenter le niveau d'ambition alors que les promesses faites jusqu'ici ne permettront pas, selon les scientifiques, de contenir la hausse du thermomètre mondial à +2°C depuis l'époque préindustrielle, limite que s'est fixée la communauté internationale.

Cinq mois après la conférence marathon de Durban, en Afrique du Sud, diplomates et experts de quelque 170 pays sont attendus jusqu'au 25 mai à Bonn pour maintenir actif un processus onusien toujours très fragile depuis le fiasco du sommet de Copenhague fin 2009.

Dans le délicat contexte économique, peu d'avancées sont cependant attendues sur la question des aides financières promises par les pays riches aux plus vulnérables.

«Nous devons préserver les acquis de Durban, et aller de l'avant», a plaidé la commissaire européenne responsable du Climat, Connie Hedegaard, à l'occasion d'une rencontre cette semaine à Bruxelles avec les pays le moins avancés (PMA) et l'Alliance des petits États insulaires (AOSIS), ses alliés à Durban.

En Afrique du Sud, les Européens avaient accepté de prendre de nouveaux engagements contraignants dans le cadre du protocole de Kyoto. En échange, ils avaient obtenu que les principaux pays émetteurs de gaz à effet de serre (États-Unis, Chine, Inde), non soumis à des contraintes dans le cadre de Kyoto, acceptent le principe d'un nouvel accord global qui, cette fois, imposerait des objectifs de réduction pour tous les pays.

Ce nouvel outil, qui pourrait être plus ou moins contraignant, doit être signé en 2015 et s'appliquer à partir de 2020.

États-Unis «attentistes»

À Bonn, toutefois, il sera vraisemblablement moins question de fond que de forme, avec notamment la mise en place du groupe de travail qui sera chargé de mettre en musique la feuille de route actée en décembre.

«Les attentes sont faibles», reconnaît Wendel Trio, directeur de l'ONG «Climate Action Network Europe», remarquant que, à l'inverse des Européens, «des pays comme les États-Unis et l'Inde préfèrent s'en tenir à du 'brainstorming' et ne pas s'engager dans la moindre négociation» sur la feuille de route pour 2015.

L'émissaire américain sur le climat, Todd Stern, a récemment souligné qu'il existait «un accord assez large que cette année devrait être consacrée à une sorte de phase conceptuelle».

D'autant que la mise en place par l'Europe de sa taxe sur le secteur aérien, le 1er janvier, a suscité une levée de boucliers chez nombre de poids lourds de cette arène, l'Inde y voyant une «cause de rupture» des négociations climat.

Pour autant, si les «États-Unis ou la Chine sont un peu attentistes», «il n'y a pas de volonté de revenir sur l'accord de Durban», assure Serge Lepeltier, ambassadeur français pour le climat.

Mais il reconnaît que, avec quatre ans pour définir la nature juridique et les modalités d'application du futur cadre international, il existe un «risque» de «rester dans les généralités pendant trois ans» et ne plus avoir assez de temps pour finaliser un compromis.

Les plus optimistes tablent sur l'adoption d'une feuille de route clairement balisée en fin d'année lors de la prochaine grande conférence, au Qatar.