Les glaciers et calottes glaciaires, exceptés ceux du Groenland et de l'Antarctique, ont vu leur masse diminuer d'environ 150 milliards de tonnes par an, selon une étude publiée mercredi qui revoit à la baisse les estimations de fonte des glaciers des hauts sommets de l'Himalaya.

De janvier 2003 à décembre 2010, la fonte des glaces terrestres a entraîné une élévation du niveau des mers d'environ 0,4 millimètre par an, selon le professeur John Wahr (Université du Colorado, Boulder), un des principaux auteurs de l'étude que publie en ligne la revue scientifique britannique Nature.

Si l'on inclut aussi la fonte des calottes glaciaires du Groenland et de l'Antarctique durant la même période, le niveau des mers a augmenté d'environ 1,5 millimètre par an, soit de quelque 12 millimètres en huit ans. Un calcul qui prend en compte l'impact de la fonte de l'ensemble des masses glaciaires terrestres.

Pour évaluer ces pertes de masses des glaciers et calottes glaciaires, l'équipe de chercheurs de l'université américaine s'est servi des mesures effectuées par les deux satellites de l'expérience GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment).

Lancés en 2001, ces satellites, résultant d'une initiative germano-américaine, orbitent en tandem autour de la Terre à près de 500 kilomètres d'altitude, en détectant d'infimes variations de la masse et de la gravité terrestre.

Faisant 16 fois par jour le tour de la Terre, ces satellites qui se suivent à environ 200 kilomètres de distance, voient cet intervalle s'amenuiser ou grandir et leur vitesse respective se modifier, en fonction de l'attraction terrestre dans la zone qu'ils survolent.

Les variations de distance peuvent être mesurées au micron (millième de millimètre) près, ce qui permet de calculer les quantités de glace et d'eau dans différentes régions du globe, en fonction du champ de gravité.

Grâce à cette sensibilité, l'expérience GRACE a permis de revoir à la baisse l'estimation de la fonte des glaces de l'Himalaya et d'autres régions montagneuses d'Asie. Elle pourrait être limitée à seulement 4 milliards de tonnes par an. Selon de précédentes estimations, effectuées au sol, les pertes annuelles de glace dans ces régions auraient atteint jusqu'à 50 milliards de tonnes par an.

«Les résultats de GRACE dans cette région ont vraiment été une surprise», déclare le Pr Wahr dans un communiqué. «Une explication possible, c'est que les estimations précédentes se basaient sur des mesures faites en premier lieu à partir de glaciers asiatiques moins élevés, donc plus accessibles. Le comportement des glaciers de plus haute altitude a été extrapolé à partir de ces mesures», analyse-t-il.

Mais, poursuit-il, «contrairement aux glaciers situés plus bas, beaucoup des hauts glaciers devraient être encore trop froids pour perdre de leur masse même en présence d'un réchauffement atmosphérique».

Interrogé par l'AFP, le Pr Wahr a précisé que pour les calottes glaciaires, l'expérience GRACE a donné des résultats «en accord» avec les précédentes estimations de perte de masse les concernant.