Réduire les émissions de méthane et de suie dans l'atmosphère serait un moyen plus rapide et moins coûteux de freiner le réchauffement planétaire que de s'attaquer uniquement au CO2, tout en évitant de nombreux décès prématurés dus à la pollution, révèle une étude jeudi.

Le méthane et le noir de carbone, essentiellement de la suie, sont responsables à la fois de la dégradation de la qualité de l'air et du réchauffement, explique Drew Shindell, un climatologue de la Nasa et un des principaux auteurs de ces travaux de modélisation.

Le méthane, qui contribue à la formation de l'ozone, et la suie sont responsables d'environ 30% et 20% respectivement de la montée des températures terrestres tandis que le dioxyde de carbone (CO2) compte pour la moitié de ce phénomène.

Selon cette étude, la mise en oeuvre de 14 mesures réduirait suffisamment les quantités de méthane et de suie rejetées dans l'atmosphère surtout par les industries pétrolière et de la carbochimie pour éviter de 700 000 à 4,7 millions de décès prématurés par an.

L'installation de filtres à particules dans les moteurs diesel permettrait de réduire l'émission de suie et la ventilation des rizières en Asie réduirait la présence du méthane qui se développe dans l'eau au contact de ce végétal.

L'agriculture bénéficierait de ces mesures alors que les rendements annuels de certaines récoltes pourraient augmenter de 30 à 135 millions de tonnes par an dès 2030 grâce à la réduction de la pollution à l'ozone.

Ces gains économiques compenseraient largement les coûts liés à la mise en oeuvre des mesures pour réduire les émissions de méthane et de suie, font valoir les auteurs de l'étude parue dans la revue américaine Science.

«Trois quarts de ces mesures ont un coût variant de zéro à 250$ la tonne de méthane ce qui dans tous les cas de figure est moins que les gains économiques et de santé publique» attendus, précise à l'AFP Drew Shindell.

Selon lui, avec les technologies actuellement disponibles, il serait possible de réduire le volume de méthane émis de 40%.

Le modèle informatique utilisé dans l'étude montre que le recours à ces 14 mesures réduirait le réchauffement de 0,5 degré d'ici 2050, ce qui serait inférieur à l'objectif de deux degrés maximum avancé par les huit principaux pays industrialisés (G8) lors de leur sommet en 2009 en Italie.

Au cours des cent dernières années, la température moyenne à la surface de la Terre a augmenté de 0,8 degré, dont les deux tiers depuis 30 ans.

Le gaz carbonique reste très longtemps dans l'atmosphère, nécessitant des  décennies pour en résorber le volume avant d'inverser le réchauffement actuel, rappelle Drew Shindell.

De plus, les grandes économies ont peu agi pour sérieusement s'attaquer aux émissions de CO2, ajoute-t-il, comme l'ont montré les résultats de la dernière conférence sur le climat à Durban (Afrique du Sud), jugés insuffisants pour contenir la hausse de température de la planète.

Les auteurs de l'étude ont examiné quelque 2000 mesures antipollution avant d'en retenir 14 comme étant les plus efficaces pour à la fois lutter contre le réchauffement et améliorer la qualité de l'air.

Une autre étude également publiée jeudi dans Science fait part d'une avancée concernant une particule, appelée biradical de Criegee, potentiellement capable d'accélérer la formation de sulfate et nitrate dans l'atmosphère et ainsi conduire à la formation de nuages capable de refroidir la planète.