Les pays se donnent jusqu'à 2015 pour en arriver à un accord contraignant pour tous les membres de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques afin de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à partir de 2020.

Malgré son retrait du protocole de Kyoto et son refus d'aider financièrement les États les plus pauvres pour qu'ils réduisent leurs émissions, le Canada s'est dit «raisonnablement optimiste» de voir une telle entente survenir.

Après deux semaines de difficiles négociations, les 195 pays réunis à Durban, en Afrique du Sud, ont convenu tôt hier matin de lancer une nouvelle ronde de négociations pour adopter une entente devant succéder au protocole de Kyoto. En attendant son adoption, la plupart des pays industrialisés ont néanmoins accepté de prolonger d'au moins cinq ans l'accord qui devait prendre fin en décembre 2012. La conférence a également jeté les bases du fonds de 100 milliards devant aider les États les plus pauvres à réduire leurs émissions.

Le Canada s'est déclaré satisfait de la conclusion de la conférence de Durban, y voyant un «cadre juste et équilibré». «Ces négociations seront ardues, mais nous sommes raisonnablement optimistes que nous obtiendrons un nouvel accord d'ici 2015», a déclaré le ministre canadien de l'Environnement, Peter Kent.

Il reste que le Canada en a rejeté les principales avancées en se retirant du protocole de Kyoto et en se refusant à toute contribution au nouveau fonds vert sur le climat. Le pays n'est pas le seul: le Japon et la Russie ont également annoncé vouloir s'en retirer.

«Le Canada n'aurait pas dû ratifier Kyoto»

Le ministre Kent a réitéré hier que son gouvernement refuserait de signer toute entente «tant que les grands émetteurs n'auront pas tous accepté les cibles de réduction juridiquement contraignantes». «Nous voulons à tout prix éviter une autre alliance à l'instar du protocole de Kyoto. Ce protocole n'était pas efficace et ne convenait pas au Canada. Le gouvernement qui nous a précédés n'aurait pas dû le ratifier.» Le protocole de Kyoto, ratifié par 192 États, engageait 37 pays industrialisés à réduire entre 2008 et 2012 leurs émissions de gaz à effet de serre de 5% en dessous des seuils observés en 1990.

L'Union européenne a pour sa part qualifié l'accord de Durban d'«historique» puisqu'il promet, à terme, de contraindre les émissions des puissances émergentes que sont la Chine, l'Inde et le Brésil. Le ministre polonais de l'Environnement, Marcin Korolec, y voit même une avancée «aussi sinon plus importante» que l'entente faite à Berlin, en 1995, qui avait mené à la ratification du protocole de Kyoto deux ans plus tard. L'Allemagne et le Danemark se sont engagés à offrir respectivement 40 et 15 millions d'euros (54 et 20,4 millions CAN) aux pays pauvres pour les aider à réduire leurs émissions.

ONG déçues

Plusieurs organisations non gouvernementales ont dénoncé l'accord de Durban, y voyant un recul pour la lutte contre les changements climatiques. «Une entente historique était à notre portée à Durban, mais les efforts combinés des États-Unis, du Canada et du Japon ont miné les chances d'arriver à des résultats positifs. Nous quittons cette conférence avec une entente qui n'en fait pas assez pour nous éloigner d'une augmentation des températures de 4 degrés Celsius, une augmentation qui nous mènera vers des changements climatiques dangereux», a déploré le cofondateur d'Équiterre, Steven Guilbault.

«Les discussions ont pris fin comme elles ont commencé: par un échec», a pour sa part dénoncé Greenpeace. L'organisation internationale résume simplement l'échec de Durban: les pays s'étaient entendus voilà deux ans à Copenhague pour offrir 100 milliards US aux pays pauvres afin de combattre les changements climatiques, mais ne sont même pas arrivés à s'entendre sur la façon de trouver et de distribuer cet argent à Durban.

«Les gouvernements quittant les discussions devraient avoir honte. Quand ils rentreront à la maison, nous nous demandons comment ils pourront regarder dans les yeux leurs enfants et petits-enfants. Ils nous ont laissés tomber et leur échec va se mesurer en vies humaines, celles des plus pauvres, des plus vulnérables et des moins responsables de cette crise des changements climatiques», a dénoncé le Sud-Africain Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International.

La prochaine conférence des Nations unies sur le climat doit avoir lieu au Qatar, à la fin de 2012.

Photo: Rajesh Jantilal, AFP

Le ministre fédéral de l'Environnement, Peter Kent, à Durban.