Tout le monde parle d'ouverture et de dialogue, mais la Chine, les États-Unis et les autres grands acteurs de la négociation climatique semblaient plus éloignés que jamais, hier, d'un quelconque plan pour stabiliser le climat, alors que les ministres ont pris la parole pour la première fois officiellement lors de la conférence de l'ONU sur le climat à Durban, en Afrique du Sud.

À sa première intervention en plénière, le principal négociateur chinois n'a pas fait référence à l'ouverture qu'il avait exprimée au cours du week-end à soumettre son pays à un plafond d'émission de gaz à effet de serre contraignant après 2020.

Xie Zhenhua, vice-président de la Commission du développement national de la République populaire de Chine, a plutôt martelé la nécessité de «consolider les instruments existants, comme le protocole de Kyoto», et il a invité les pays développés à «s'engager clairement pour une deuxième période» de Kyoto.

Ce que refuse le Japon, en confirmant que, tout comme le Canada, il ne prendra pas de nouveaux engagements sous le protocole de Kyoto.

Goshi Osono, ministre de l'Environnement du Japon, a affirmé que les Japonais «continuent d'avoir la volonté d'agir pour contrer les changements climatiques», en dépit des épreuves subies cette année avec le tremblement de terre, le tsunami et l'accident nucléaire de Fukushima.

Il a ajouté que les objectifs de Kyoto demeuraient atteignables pour le Japon, mais que «toutes les économies majeures» devront être incluses dans une future entente.

Il s'est toutefois rangé derrière les principes convenus l'an dernier à Cancún, soit la nécessité de stabiliser le climat à plus 2 degrés pour éviter les changements catastrophiques et imprévisibles. Et, par conséquent, la nécessité de réduire de 50% les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) d'ici à 2050.

En conférence de presse, le négociateur américain Todd Stern a lui aussi fait référence à l'objectif «important et sérieux» de limiter le réchauffement à 2 degrés, tout en rejetant l'idée de lancer la négociation sur un accord comportant des contraintes légales.

Manifestants canadiens

Le ministre canadien de l'Environnement, Peter Kent, s'est adressé à la plénière, mais il n'a fait aucune référence directe à l'objectif de 2 degrés. «Nous appuyons un nouvel accord international sur les changements climatiques qui comprend des engagements de la part de tous les grands émetteurs, a-t-il dit. C'est la seule et unique façon de faire de véritables réductions et d'obtenir des résultats tangibles. Nous devons être équitables pour pouvoir être efficaces.»

Tandis qu'il affirmait que la politique climatique canadienne était alignée sur celle des États-Unis, des applaudissements ont fusé dans la salle. Des manifestants canadiens s'étaient levés pour tourner le dos à M.Kent, en signe de protestation.

M.Kent a terminé son discours en soulignant les efforts du Canada envers des objectifs qu'il qualifie d'ambitieux, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17% sous le niveau de 2005 d'ici à 2020.

Des affirmations battues en brèche par les nombreux militants écologistes présents à Durban, qui citent un rapport qui place le Canada au 57e rang sur 60 pour l'efficacité de sa politique climatique.