Le gouvernement Harper a martelé qu'il ne s'engagera pas dans une seconde phase du protocole de Kyoto, lundi, au moment même où la Chine montre des signes d'ouverture sur l'imposition de plafonds d'émissions de gaz à effet de serre (GES).

Ottawa refuse depuis des années de se plier à des cibles contraignantes d'émissions de GES alors que les pays émergents en sont exempts. La Chine, plus important émetteur de la planète, a fréquemment été citée pour l'exemple par le gouvernement conservateur.

Or, ce même pays se montre maintenant ouvert à l'idée de respecter un plafond d'émissions à partir de 2020. Il a annoncé cela ce week-end, à la conférence de Durban sur les changements climatiques. Mais le changement n'a pas fait fléchir le ministre fédéral de l'Environnement.

«Nous n'avons vu aucun détail pour le moment, a affirmé Peter Kent au cours d'une téléconférence de l'Afrique du Sud. Nous avons hâte que la Chine mette de l'avant ses propositions à la conférence. Mais sur la décision du Canada de ne pas prendre des engagements dans une seconde phase du protocole de Kyoto, cela ne changerait pas notre position.»

Le ministre a réaffirmé que le Canada ne prendrait aucun engagement dans la deuxième phase de l'accord de Kyoto, qui doit couvrir la période de 2013 à 2017. Selon lui, les accords ratifiés à Copenhague et à Cancún permettront de mieux juguler les changements climatiques. Ces deux ententes ne prévoient aucun plafonnement des émissions de GES à court terme.

«Le Canada a été clair cette année: le Canada ne s'engagera pas dans une seconde phase du protocole de Kyoto», a résumé le ministre.

La Chine critique le Canada

En fin de semaine, la Chine a fixé cinq conditions à son appui à un plafond d'émissions de GES. La première heurte de plein fouet les positions canadiennes: que Kyoto soit renouvelé et qu'il continue d'imposer des contraintes aux pays industrialisés seulement.

Le Canada, tout comme la Russie et le Japon, refuse cette voie, arguant que seule une entente qui liera tous les pays permettra de lutter contre les changements climatiques.

La Chine a indirectement critiqué le Canada à ce sujet. Xie Zhenhua, chef de la délégation chinoise à Durban, a affirmé que le protocole de Kyoto «comportait des obligations légales» et qu'il était «temps pour nous de voir si les pays honorent ces engagements».

«Si nous manquons à mettre en oeuvre les engagements qui font déjà l'objet d'un accord, comment bâtir la confiance politique entre les pays?», a demandé M. Xia.

En Afrique du Sud, les écologistes ont tiré à boulets rouges sur le gouvernement Harper, tout comme les partis d'opposition à Ottawa.

«L'argument que la Chine ne fait rien est parti, a affirmé la députée Megan Leslie, porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière d'environnement. Je me demande quelle est l'excuse du Canada maintenant.»

Elle accuse le gouvernement Harper de «saboter» les efforts pour conclure une extension du traité de Kyoto à Durban.

Joint sur le site de la conférence, Steven Guilbault, de l'organisme Équiterre, a qualifié l'attitude du Canada d'«inexcusable, irresponsable et immorale». D'autant plus que le gouvernement Harper a toujours refusé d'adhérer à un pacte sur les changements climatiques parce que la Chine s'y refusait aussi.

«Maintenant, la Chine est au rendez-vous et le Canada quitte la table de négociations, a-t-il dénoncé. C'est quand même incroyable.»

Avec Bloomberg