Le retrait possible du Canada du protocole du Kyoto, évoqué par la presse canadienne, mais non confirmé par le gouvernement, constituerait une «offense» aux pays les plus menacés par le changement climatique, a estimé mardi le porte-parole des pays africains.

«Quand des États, parties historiquement responsables du phénomène, se désengagent aussi explicitement, cela mine le processus et décrédibilise ce que nous sommes en train de faire», a affirmé à l'AFP Seyni Nafo, porte-parole du groupe Afrique (54 pays), en marge des négociations climatiques qui se tiennent depuis lundi à Durban (Afrique du Sud).

Au moment où cette conférence se réunit «dans la région qui a le moins contribué à ce phénomène, qui en paie le plus lourd tribut, je trouve que ça offense», a-t-il ajouté.

Le gouvernement canadien n'a ni confirmé, ni démenti lundi les informations de presse selon lesquelles le pays aurait décidé de se retirer du protocole de Kyoto qu'il a signé et ratifié, mais dont il n'a pas respecté les objectifs.

Le ministre de l'Environnement Peter Kent a toutefois rappelé que son pays ne prendrait pas de nouveaux engagements de réduction de gaz à effet de serre dans le cadre de ce traité dont la période initiale d'engagement se termine fin 2012.

L'avenir post-2012 de ce protocole qui impose des réductions d'émissions de gaz à effet de serre à une quarantaine de pays industrialisés est l'un des dossiers chauds de la conférence de Durban.

«Le protocole de Kyoto a ses limites, ses insuffisances, mais c'est le seul instrument légal qui existe en ce moment avec des engagements contraignants des pays développés et avec un mécanisme qui permet de financer l'adaptation dans les pays en développement», a rappelé pour les pays africains Seyni Nafo.

«Bien sûr, si le Canada quittait le protocole de Kyoto, cela serait triste», a reconnu le négociateur en chef européen, Artur Runge-Metzger, tout en constatant qu'il «y a une réflexion interne sur la position du Canada par rapport au protocole de Kyoto, mais aucune décision n'a été prise jusqu'ici».

Les ONG n'ont pas été rassurées par le ministre canadien, qui a notamment déclaré lundi que son pays n'a «pas besoin d'un accord contraignant», et ont attribué au Canada leur «Fossile du jour» remis quotidiennement aux «pays qui ont fait de leur mieux pour bloquer l'avancée des négociations».

«Si d'autres pays adoptaient la position de M. Kent, le résultat serait une série de promesses volontaires (des pays à réduire les émissions de CO2) au lieu d'un accord contraignant», a regretté Tasneem Essop, responsable des questions climatiques internationales au WWF.

Le Japon a pour sa part confirmé qu'il n'entendait pas non plus souscrire de nouveaux engagements dans le cadre de Kyoto, mais continuerait à utiliser ses mécanismes.

«Nous estimons qu'il y a de bons éléments dans le Protocole de Kyoto et nous continuons à en rester membre», a souligné devant la presse Masahiko Horie, ambassadeur japonais responsable des affaires environnementales.