Il y a deux fois plus de guerres les années où sévit El Niño, selon une nouvelle étude américaine. Ce phénomène météorologique provoque des sécheresses dans de nombreux pays pauvres, ce qui compromet l'approvisionnement alimentaire.

«Avec l'effet de serre, on s'intéresse beaucoup au lien entre le climat et les conflits», a expliqué l'auteur principal de l'étude, Solomon Hsiang, de l'Université Columbia à New York, en conférence de presse à Londres. «Plusieurs études contradictoires ont utilisé les différences de chaleur et de précipitations entre les pays, mais ces données, selon nous, ne reflètent pas bien le réchauffement de la planète. Nous avons décidé d'utiliser El Niño et La Niña, un phénomène climatique plus circonscrit qui a connu plusieurs cycles depuis les années 50.»

Résultat: le cinquième des 234 conflits survenus entre 1950 et 2004 est lié à El Niño, selon l'étude, publiée hier dans la revue Nature. L'échantillon regroupait des conflits qui avaient causé au moins 25 morts. Les auteurs, qui comptaient dans leurs rangs l'un des experts mondiaux sur El Niño, Mark Cane, lui aussi de l'Université Columbia, donnent l'exemple de deux conflits qui semblent avoir un fort lien avec El Niño: la rébellion du Sentier lumineux, au Pérou, à partir de 1982, et le début de la guerre civile au Soudan en 1983. Ils notent que des civilisations anciennes, comme les Mayas au Mexique, Angkor, au Cambodge, et la royauté de France à la fin du XVIIIe siècle, se sont écroulées lorsque les effets d'El Niño ont été particulièrement importants.

El Niño n'est-il pas associé à une pluie plus abondante? «En général, la pluie tombe sur les océans», explique M. Hsiang, qui a travaillé à cette étude dans le cadre de son doctorat en développement durable. «El Niño cause donc la sécheresse sur la terre ferme, à l'exception de l'est de l'Afrique et de l'ouest de l'Amérique du Nord.» Le fait que les médias mettent l'accent sur les États-Unis explique la mauvaise perception que l'on a d'El Niño.