Six mois pour sauver le protocole de Kyoto et avec lui une partie de la crédibilité des négociations sur le climat:  la mobilisation est lancée pour trouver une formule satisfaisante pour toutes les parties avant la conférence de l'ONU à Durban, en Afrique du Sud.

Le sujet Kyoto, qui n'avait pas été réglé lors du dernier rendez-vous climat de Cancún (Mexique) fin 2010, est revenu en force lors des discussions qui ont réuni à Bonn (Allemagne) jusqu'à vendredi, et durant deux semaines, les négociateurs de plus de 190 pays.

La Conférence de Durban doit se dérouler du 28 novembre au 9 décembre.

«Il y a une prise de conscience grandissante sur le fait que régler l'avenir du protocole de Kyoto est une tâche essentielle cette année et que cela va exiger une implication politique de haut niveau», a déclaré vendredi à la presse la responsable de l'ONU pour le climat Christiana Figueres.

Pour Tasneem Essop, responsable du climat pour le WWF, Kyoto «va être la clé à Durban et influencera le mouvement sur tout le reste».

Seul outil juridique contraignant dans le domaine du climat, le traité de Kyoto impose des objectifs chiffrés de réduction d'émissions de gaz à effet de serre (GES) à près d'une quarantaine de pays industrialisés, à l'exception notable des États-Unis qui ne l'ont pas ratifié.

Les pays en développement exigent une seconde période d'engagement, après la première de cinq ans qui expire fin 2012, au nom de la «responsabilité historique» des pays riches dans le réchauffement de la planète.

Mais plusieurs pays concernés par la première période -Japon, Russie, Canada- ne veulent plus d'engagements contraignants en la matière, mettant en avant l'absence de dispositifs similaires pour les deux plus grands pollueurs de la planète, la Chine et les É.-U..

L'Union européenne étudie pour sa part la possibilité de s'engager à  nouveau, mais veut en contre-partie que soit évoqué en parallèle un système englobant les grandes économies, a rappelé vendredi l'un de ses représentants, le Hongrois Jozsef Feiler.

L'une des options possibles à Durban serait «une prolongation de Kyoto d'un, deux ou trois ans» afin de laisser le temps de finaliser une solution plus globale, a estimé José Romero, représentant de la Suisse.

Les États insulaires, les premiers concernés par la montée des océans, se sont montrés ouverts à la possibilité d'un Kyoto allégé, qui engagerait certes moins de pays, mais qui permettrait surtout d'éviter l'«effondrement du système» de négociations.

«Nous voyons déjà les effets du changement climatique», a rappelé leur représentante, Dessima Williams. «Les îles Marshall et d'autres pays commencent à perdre des terres non seulement sur la côte, mais aussi à l'intérieur du territoire.»

Une étude présentée à Bonn par des experts indépendants souligne que le niveau des promesses actuelles des différents pays pour réduire les émissions de GES signifie une hausse de la température de 3,2°C. Un chiffre bien au-delà de l'objectif maximal de 2°C que s'est assignée la communauté internationale.

«La science nous dit que le pic global d'émissions doit intervenir d'ici 2015, cela introduit un sentiment d'urgence dans les travaux des gouvernements», a reconnu Christiana Figueres, en réponse aux critiques soulevées par la lenteur du processus onusien, à la peine depuis l'échec de Copenhague.

Peu avant l'ouverture des discussions de Bonn, l'Agence internationale de l'Énergie (AIE) a annoncé que les émissions de CO2 avaient atteint un record en 2010 dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie et des transports.

Pour préparer Durban, trois réunions de niveau ministériel sont prévues, notamment début juillet à Berlin puis en septembre à New York, a précisé la responsable de l'ONU.