Le réchauffement climatique va grandement favoriser les transports maritimes dans la région arctique, mais aussi ravager les «routes d'hiver» dont dépendent certaines populations et activités locales à l'intérieur des terres, note une étude publiée dimanche.

«Des communautés isolées qui dépendent des "routes d'hiver", en particulier celles vivant à l'intérieur des terres, pourraient devoir se tourner vers des approvisionnements aériens, ce qui augmentera nettement les coûts», explique Scott Stephenson, chercheur à l'Université de Los Angeles (UCLA), principal auteur de cette étude reproduite par la revue Nature Climate Change.

Les «routes d'hiver» sont des routes temporaires construites sur des sols, lacs ou rivières gelés, permettant l'acheminement d'équipements et d'approvisionnements dans des régions isolées.

Le Canada à lui seul en compte plus de 5400 km, selon l'étude.

Dans les huit pays de la région arctique - Canada, Finlande, Groenland, Islande, Norvège, Russie, Suède et États-Unis (Alaska) -, ces possibilités de transport terrestre devraient décliner avec le réchauffement. Dans des proportions pouvant varier de 11% à 82% d'ici à 2059 en fonction des régions.

L'une de ces «routes d'hiver», entre Tibbitt et Contwoyto, dans le nord du Canada, pourrait voir sa durée de praticabilité - huit à dix semaines - réduite de 17% d'ici à 2020, précise l'université californienne dans un communiqué.

Parmi les perdants potentiels, figureront aussi, selon l'étude, les industriels exploitant des mines, le bois ou des hydrocarbures dans les terres, qui auront de délais réduits pour transporter leurs équipements.

Le réchauffement climatique devrait, a contrario, être bénéfique aux populations vivant sur les côtes avec le développement des possibilités de trafic maritime lié à la fonte des glaces.

D'ici à 2050, trois des quatre principales voies de navigation de la région seront totalement accessibles de juillet à septembre aux navires commerciaux dotés d'une capacité limitée pour briser la glace, assure le chercheur qui a conçu un modèle informatique sur l'accessibilité de l'Arctique.

Le Groenland, le Canada, la Russie et les États-Unis bénéficieront d'un plus grand accès à leur zone économique exclusive, zone à laquelle un État a un accès souverain pour la pêche et autres activités d'extraction de ressources.

L'Arctique figure parmi les régions du globe qui seront les plus touchées par le changement climatique. La hausse des températures moyennes pourrait y atteindre 2 à 9°C d'ici à la fin du siècle et y être particulièrement marquée pendant l'hiver (+4 à +11°C), souligne l'étude.