Des tractations tous azimuts étaient en cours mercredi Cancun où les plus de 190 pays représentés n'avaient plus que trois jours pour se mettre d'accord sur un ensemble de décisions concrètes en vue de lutter contre le changement climatique et ses effets dévastateurs annoncés.

Mais, avant tout, on redoublait d'efforts pour parvenir à un compromis sur l'épineuse question de l'avenir du Protocole de Kyoto, sans quoi la conférence de l'ONU sur le climat entamée le 29 novembre dans la cité balnéaire mexicaine est menacée d'échec.

Un dénouement qui serait de très mauvais augure pour le système de négociation onusien, qui cherche à redresser la tête après l'immense déception de Copenhague, il y a un an.

«Nous sommes toujours en péril sur ce qui est peut-être l'essentiel», une seconde période d'engagement dans le cadre du Protocole de Kyoto, déclarait mardi soir à la presse l'ambassadeur de France pour les questions climatiques, Brice Lalonde.

Le Brésil et la Grande-Bretagne ont été choisis pour procéder à une médiation sur cette question. Ils sont à la recherche de la «formule ambiguë», selon les mots d'un négociateur européen, pour lever cette hypothèque.

Une tâche difficile. D'un côté, le Japon refuse de prolonger au-delà de 2012 son objectif de réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre (GES) figurant dans le Protocole de Kyoto, traité légalement contraignant, mais qui ne concerne pas les deux plus gros pollueurs, Chine et États-Unis.

Le Canada et la Russie sont également réticents, voire hostiles.

De l'autre, les pays en développement insistent pour que les États riches s'engagent à nouveau à l'expiration de l'accord Kyoto, en 2012. Un point «non négociable» pour les grandes nations émergentes que sont le Brésil, la Chine ou encore l'Inde.

«La question du Protocole de Kyoto continue d'être difficile», «Il est impossible de dire si on peut la régler», a souligné mardi devant la presse le négociateur en chef des États-Unis Todd Stern, dont le pays n'a jamais ratifié le traité.

Mais, dans les couloirs et les réunions, équipes de négociateurs et ministres de l'Environnement et/ou Énergie continuaient de travailler sur les autres dossiers, comme si Kyoto n'existait pas.

Lutte contre la déforestation, mécanisme de vérification des actions entreprises par les pays en développement pour réduire leurs émissions de GES, création d'un Fonds vert.... Un nouveau texte répertoriant les points d'accord possibles a été présenté mercredi matin aux délégations.

«Les progrès faits sont encourageants, mais les questions non réglées sont encore nombreuses. Nous devons faire plus et nous devons faire mieux», a lancé mercredi matin aux délégués la présidente du groupe de travail dans le cadre duquel sont débattues ces questions, Margaret Mukahanana-Sangarwe.

Sur tous ces sujets, des décisions de principe ont été prises dans l'accord politique de Copenhague, conclu à la hâte par une poignée de chefs d'État, mais qui n'a pas été reconnu par tous les États membres de la Convention-cadre de l'ONU sur les changements climatiques (CCNUCC).

Il s'agit à Cancun de les rendre opérationnelles, de leur donner du contenu et de les ancrer dans un accord qui engagerait tous les pays, et serait donc un peu plus contraignant.

La question du contrôle des mesures prises par les pays en développement pour moins polluer posait encore quelques problèmes. Les États-Unis insistent pour que leur grand rival économique, la Chine, accepte à Cancun un mécanisme détaillé - qui prévoit la fréquence de la vérification, ses modalités, etc.

Pékin en a accepté le principe, mais «ne veut pas entrer dans le détail», selon M. Lalonde, qui estimait néanmoins que globalement, à Cancun, les négociateurs voulaient «sincèrement arriver à quelque chose».

«L'atmosphère est moins tendue qu'à Copenhague, mais on n'est pas encore à la dernière nuit», a-t-il ajouté.