Le réchauffement climatique se traduit pour les forêts boréales par des incendies non seulement plus nombreux mais aussi plus violents, ce qui augmente considérablement les émissions de carbone des zones arctiques au risque d'y instaurer un cercle vicieux, selon une étude.

Déjà, les changements survenus au cours des dix dernières années ont inversé la tendance en Alaska, dont le sol rejette désormais plus de carbone qu'il n'en absorbe, selon les calculs effectués pour cette étude publiée dimanche dans Nature Geoscience.

Les régions arctiques et leurs terres gelées en permanence («permafrost», aussi appelé pergélisol en français) ont progressivement capturé une grande quantité de carbone au fil des millénaires. On estime aujourd'hui que ces terres renferment environ la moitié des réserves totales de carbone emprisonnées dans le sol de notre planète.

Or la majeure partie de ce carbone est stocké dans le sol sous forme de mousses, de déchets organiques et de tourbières qui sont, partiellement ou totalement, consumés par les incendies de forêts. Cette biomasse représenterait ainsi 85% du combustible parti en fumée lors des incendies de forêts canadiennes, rappelle l'équipe de chercheurs nord-américains à l'origine de cette étude.

Des études ont par le passé conclu que le changement climatique n'aggravait pas la violence des incendies dans les forêts boréales. À tort, car elles ont sous-estimé la vulnérabilité du permafrost et des tourbières dans ces régions, affirment ces experts.

Leur examen de l'impact des incendies dans les forêts d'épicéas noirs en Alaska démontre que les feux sont plus fréquents - allongement de la saison des incendies notamment -, plus étendus et aussi plus violents. Selon leurs estimations, les émissions de carbone provoquées par les incendies de 2000 à 2009 sont deux fois plus importantes que celles enregistrées au cours de cinq décennies précédentes.

Le réchauffement climatique augmente donc directement les rejets de carbone des zones boréales en accélérant la fonte du permafrost, mais aussi indirectement en accentuant les incendies de forêts.

Or le carbone, sous forme de CO2, est l'un des principaux gaz à effet de serre qui contribuent au réchauffement climatique, d'où le risque d'entrer dans un cercle vicieux.

Les émissions de carbone des écosystèmes boréaux vont croître de façon préoccupante dans les années à venir si le réchauffement continue à faire fondre le permafrost, en concluent les auteurs.

Dans la dernière décennie, quelque 12 millions d'hectares ont brûlé chaque année dans les régions boréales. Une surface qui devrait tripler ou quadrupler d'ici 50 à 100 ans.

Dans de nombreuses autres régions du monde, hors zones boréales, le changement climatique peut augmenter les risques d'incendies. En Australie, par exemple, selon Greenpeace, ce risque pourrait tripler d'ici 2050 dans certaines zones frappées par la sécheresse, voire être multiplié par dix à Melbourne.