Le Mexique, qui accueillera et présidera en fin d'année à Cancun la prochaine grande réunion internationale sur le réchauffement climatique, souhaite des changements profonds dans la manière dont les négociations sont conduites.

«Nous avons besoin de changements drastiques dans les méthodes de négociations pour faciliter des décisions ambitieuses sur le fond», a déclaré dans un entretien à l'AFP Luis Alfonso de Alba, représentant spécial du Mexique pour ce dossier.

«Les négociations climat sont démodées en termes de méthodologie et elles doivent être modernisées», a-t-il estimé en marge de la première réunion onusienne sur le climat, à Bonn, depuis la déception du sommet de Copenhague qui s'était achevé en décembre par un accord a minima.

Appelant de ses voeux plus de «flexibilité», il souhaite en particulier multiplier les «rencontres informelles dans différents formats». «Nous ne proposons pas de passer des accords en petits groupes, nous proposons d'accélerer les méthodes de travail», a-t-il expliqué, tout en soulignant son attachement au cadre de l'ONU pour ces négociations.

«Nous n'avons pas besoin de traiter tous les problèmes, tout le temps, en séance plénière (...) et ligne par ligne», a-t-il noté.

La question de l'extrême lenteur des travaux des négociateurs et de leur articulation difficile avec l'entrée en jeu des chefs d'Etat est sur toutes les lèvres depuis la déception de Copenhague, où un accord a été conclu in extremis par une vingtaine de dirigeants.

Inefficacité du processus avant Copenhague

Vendredi, à l'ouverture des débats à Bonn, le principal négociateur américain Jonathan Pershing a vivement dénoncé l'inefficacité du processus avant Copenhague.

«Après deux ans, nous avions remis à nos dirigeants plus de 100 pages de crochets (synonyme de points de désaccord restant à trancher)!», a-t-il ironisé.

Pour M. de Alba, deux écueils doivent être impérativement évités: la répétition constante des différentes positions -un grand classique à chaque séance plénière- et l'addition systématique de toutes les propositions dans un même texte.

«Il s'agit d'un processus multilatéral de négociations, pas d'un exercice universitaire consistant à explorer les mille possibilités permettant de résoudre un problème», a-t-il souligné.

Autre question sensible: l'articulation entre le travail des délégués et celui des ministres et chefs d'Etat, particulièrement chaotique à Copenhague.

«L'an dernier, les négociateurs, les ministres et les chefs d'Etat ont travaillé de manière presque indépendante, quasiment en parallèle, il faut mettre un terme à cela», estime-t-il, plaidant pour une implication des dirigeants politiques de manière plus continue.

Et le diplomate mexicain de souligner que son pays entend clairement se démarquer de l'organisation du rendez-vous danois: «Pour Cancun, nous ne visons pas un sommet de chefs d'Etat, ce n'est pas notre intention à ce jour».

Les discussions entre les délégués de 175 pays se poursuivaient samedi à Bonn à huis clos sur des questions de méthode et de calendrier d'ici le rendez-vous de Cancun, prévu du 29 novembre au 10 décembre.