Stephen Harper a tout simplement baissé les bras dans les négociations sur le réchauffement planétaire, à trois semaines seulement du Sommet de Copenhague, accusent les partis d'opposition.

D'une même voix à la Chambre des communes, ils ont dénoncé lundi l'attitude «contre-productive» du gouvernement conservateur de Stephen Harper dans la lutte contre les changements climatiques et ils s'inquiètent que le Canada soit le mauvais élève à ce chapitre.

Le premier ministre a déclaré en fin de semaine à Singapour qu'il y avait pas moins de «3000 phrases de désaccord dans les négociations actuelles» pour conclure un traité remplaçant le Protocole de Kyoto.

Pour l'opposition, cela revient carrément à déclarer forfait.

Aux Communes, le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe a accusé le gouvernement d'avoir ouvertement baissé les bras à l'égard d'une éventuelle entente internationale sur le climat.

«Le gouvernement admettra-t-il que son insistance à vouloir torpiller la possibilité d'un accord à Copenhague est fait dans l'unique but de plaire à ses amies les pétrolières?», a lancé le leader bloquiste.

Le ministre des Travaux publics, Christian Paradis, a défendu la position de son parti en répliquant qu'Ottawa n'avait pas l'intention de signer d'entente irréalisable et que la priorité demeurait avant tout l'économie.

«Une chose est certaine, le pire piège est de s'enfarger dans des embûches d'ordre légal», a-t-il affirmé.

Le gouvernement conservateur refuse de signer un accord imposant des cibles de réduction de gaz à effet de serre contraignantes, sauf si les pays émergents comme la Chine et l'Inde sont eux aussi soumis au même régime.

Au sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en fin de semaine dernière, les leaders des 21 pays membres ont écarté de facto une cible de réduction de 50 pour cent des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050.

Sur place, le gouvernement canadien s'est également fait montrer du doigt par le professeur Tim Flannery du Copenhagen Climate Council, qui a prétendu que le Canada était de loin le pays qui respectait le moins ses engagements pris à Kyoto.

Lundi, le néo-démocrate Thomas Mulcair a d'ailleurs rappelé les nombreux prix citrons accumulés par les conservateurs dans le domaine de l'environnement et déploré leur attitude «obstructionniste».

«Les conservateurs ont fait tout ce qu'ils ont pu pour miner le processus pour aboutir à Copenhague, et maintenant, ils prédisent son échec, un échec auquel ils ont grandement contribué», a-t-il avancé.

L'économie menacée

Le gouvernement conservateur répète qu'il ne signera rien qui puisse nuire à la vitalité de l'économie canadienne en imposant des contraintes qui lui feraient mal.

Or, c'est justement en n'agissant pas sur ce front que le gouvernement menace l'économie du pays, selon l'opposition. Pour le porte-parole libéral en matière d'environnement, David McGuinty, les conservateurs manquent le bateau en n'investissant pas davantage dans les technologies vertes.

«Les pays du monde réorganisent leurs économies afin d'être compétitifs dans la course globale à l'énergie propre», a-t-il noté, citant en exemple l'Allemagne, la Chine et les États-Unis pour leurs investissements dans les technologies énergétiques de pointe.

«Même l'Alaska de Sarah Palin nous devance. Pourquoi ce gouvernement met-il en danger notre économie et notre environnement et quand va-t-il enfin se réveiller?», a poursuivi M. McGuinty.

Gilles Duceppe a pour sa part brandi le spectre d'une taxe que pourrait imposer les pays présentant un bilan environnemental reluisant à ceux ne respectant pas leurs engagements pris à Kyoto, une position défendue par la France.

«Si les pays européens qui ont fait l'effort (...) se voient concurrencés par des pays comme le Canada qui ne l'ont pas fait, ils vont réagir puis ils vont imposer une taxe», a-t-il soutenu.