La France, championne de la démographie, croule sous les couches-culottes usagées, dont aucune n'est recyclée. Ce défi écologique suscite intérêt et projets, dont celui de Suez Environnement qui se verrait bien les transformer en plastique, énergie et compost.

Un bébé utilise 6000 couches durant les deux premières années de sa vie.

«C'est un gisement énorme. C'est plus d'un million de tonnes en France dans nos poubelles, pour lesquelles il n'y a pas de solution de recyclage», explique Laurent Galtier, directeur du projet «Happy Nappy» (couche heureuse, en anglais).

Une aberration écologique quand on sait qu'il faut 5,6 millions d'arbres et 476 000 tonnes de pétrole pour les produire, selon l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie). Et qu'elles finissent enfouies dans des décharges ou incinérées.

À l'instar d'autres pays, comme la Grande-Bretagne, la France s'est penchée sur le problème et a lancé un appel à projet il y a deux ans. Depuis, Suez Environnement, qui l'a remporté, réfléchit à un système qui permettrait de «valoriser» triplement ces couches.

Dans ses laboratoires du Vésinet, près de Paris, ses scientifiques «broient» et plongent des couches dans l'eau -dans une simple machine à laver- pour voir ce qu'on peut en faire.

Les fameux polymères superabsorbants, mis en avant par les publicitaires et qui constituent 10 à 20% de la couche, ne sont pas recyclables et constituent des «déchets ultimes».

En revanche, le plastique (50%) pourrait être réutilisé par des industriels.

La cellulose (35%), partie qui entre en contact avec la matière fécale du bébé, serait elle «co-digérée par les boues de la station d'épuration» et transformée en méthane. Idem pour les excréments et urines du bébé directement absorbés par les boues après évacuation des eaux.

Il reste alors un «digestat», résidu issu de la méthanisation, qui pourrait être utilisé comme compost dans les champs.

Si des expériences sont menées ailleurs dans le monde, «cette idée de la triple valorisation est unique», assure Laurent Galtier.

Encore au stade expérimental, rien ne dit si ce système sera viable économiquement. Dans le meilleur des cas, il n'y aura pas de «pas de processus industriel avant au mieux 2013», estime Laurent Galtier.