L'ancien vice-président Al Gore estime que les États-Unis se rapprochent d'un point de rupture politique, alors que la course aux primaires démocrates offre la possibilité de remplacer le président Donald Trump par une personne résolument engagée à lutter contre les changements climatiques.

Al Gore, qui est devenu militant environnementaliste après avoir perdu l'élection présidentielle de 2000, a dit en entrevue avec l'Associated Press qu'il ne voulait pas prendre position dans la course démocrate.

Mais il affirme être « encouragé » par ce qu'il a entendu de la part de certains candidats avec qui il a échangé en privé.

M. Gore souligne « qu'au moins dix » candidats démocrates ont fait de l'action climatique une priorité. Le gouverneur de l'État de Washington, Jay Inslee, a même placé cet enjeu au centre de sa campagne.

« Nous avons besoin d'un nouveau président et nous avons besoin d'un président qui se consacre corps et âme à la crise climatique », a déclaré M. Gore lors d'une conférence à Atlanta organisée par son organisme sans but lucratif et non partisan, le Climate Reality Project.

« Je suis très content que tant de candidats démocrates disent clairement que ce serait leur façon de gouverner s'ils gagnaient. »

La présidence de Donald Trump est « regrettable » sur plusieurs plans, selon M. Gore, mais il lui a reconnu un mérite : ses doutes sur le consensus scientifique selon lequel les humains sont à l'origine des changements climatiques poussent les modérés et même certains conservateurs vers la gauche.

Al Gore, âgé de 70 ans, a ajouté que l'opinion publique des Américains change si vite sur cet enjeu qu'un nouveau président pourrait trouver la légitimité de lancer d'importantes réformes.

« Même les gens qui niaient (les changements climatiques) par le passé disent : "Attendons... J'en ai eu assez de cela" », a-t-il indiqué, évoquant le haut niveau des océans, les sécheresses et les tempêtes spectaculaires.

« Chaque soir aux nouvelles, c'est comme si la nature traversait l'Apocalypse. »

Pour l'objectif du Green New Deal

M. Gore s'est aussi prononcé sur le « Green New Deal », ce vaste plan pour lutter contre les changements climatiques proposé par certains démocrates du Congrès, mais qui ne fait pas l'unanimité au sein du parti.

L'ancien vice-président a reconnu qu'il s'agissait d'un « objectif ambitieux », mais il ne s'y est pas opposé pour autant.

« Cela crée un espace politique pour définir les détails de la meilleure façon de le faire, mais les objectifs principaux sont de décarboniser l'économie, de cesser d'utiliser le ciel comme un égout à ciel ouvert et de créer des millions de nouveaux emplois », a-t-il soutenu.

Cela pourrait signifier, par exemple, une loi fiscale comportant des incitatifs pour les entreprises et les particuliers qui investissent dans des panneaux solaires ; une autre loi pour mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles ou un projet d'infrastructure priorisant le train à grande vitesse, a-t-il énuméré.

Al Gore n'a pas manqué de souligner que sa conférence se tenait en même temps que toutes les marches étudiantes organisées à travers le monde pour réclamer de l'action climatique.

« Presque tous les mouvements de réforme morale à base de l'histoire de l'humanité ont placé les jeunes au premier plan. Le mouvement pour le climat est l'exemple par excellence », a-t-il indiqué.

« Ces enfants appellent la conscience du pays et nous demandent : "Pensez à nous. Pensez à notre avenir. " Nous devons les écouter », a-t-il conclu.