Les conditions météo du sud des États-Unis vont remonter de centaines de kilomètres vers le Nord et les habitants de Washington pourraient ainsi en 2080 subir le climat subtropical humide du Mississippi d'aujourd'hui, selon des chercheurs.

Les auteurs de l'étude publiée dans Nature Communications ont analysé le climat attendu dans 540 villes nord-américaines en 2080, cherchant ensuite le climat le plus approchant dans des villes d'aujourd'hui.

Résultat : si les émissions de CO2 continuent à augmenter tout au long du XXIe siècle, « le climat des zones urbaines d'Amérique du Nord sera semblable, en moyenne, au climat contemporain de lieux à 850 km de là, principalement vers le Sud », estime l'étude.

La capitale fédérale américaine habituée avec son climat tempéré à des hivers rigoureux se retrouverait ainsi en 2080 dans la même situation que le Mississippi aujourd'hui : un climat subtropical humide, plus chaud et plus humide toute l'année.

Un citadin d'aujourd'hui devrait « conduire environ 1000 km vers le sud pour trouver un climat similaire à celui attendu dans sa ville d'origine en 2080 », commente l'un des auteurs, Matt Fitzpatrick, de l'université du Maryland.

« Non seulement le climat change, mais des climats qui n'existent pas aujourd'hui en Amérique du Nord deviendront courants dans certaines zones urbaines », ajoute-t-il dans un communiqué.

Et même si les émissions sont limitées, de nombreuses villes américaines subiront un climat bien différent de celui d'aujourd'hui : sur la côte Est, Boston, New York ou Philadelphie se rapprocheront de climats actuels « localisés des centaines de kilomètres au sud et au sud-est », et dans l'ouest et le centre, le climat ressemblera plus à celui du sud-ouest désertique ou du sud californien.

Les auteurs de l'étude expliquent avoir fait ce travail de cartographie par souci pédagogique dans un domaine parfois difficile à appréhender pour les non initiés.

En mettant également à disposition une carte interactive, « nous fournissons un moyen intuitif de sensibiliser l'opinion publique aux conséquences du changement climatique pour 250 millions de citadins », écrivent-ils.

« Certains pourraient interpréter ces changements comme une amélioration du climat de leur ville, et il y a peut-être quelque chose de positif. Mais au prix d'effets secondaires importants », souligne à l'AFP Matt Fitzpatrick, évoquant les risques d'augmentation des prix alimentaires, de pénuries d'eau, d'inondations, de maladies.

L'étude relève par exemple le risque de déplacement vers le Nord d'espèces transmettant des maladies, comme le moustique tigre.