Le président du plus important panel des Nations unies sur les changements climatiques a prévenu mardi que le monde devait « faire plus et plus vite » pour empêcher le réchauffement planétaire à une échelle qui causerait des dommages environnementaux irréversibles et toucherait durement les sociétés pauvres.

Hoesung Lee, qui préside le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), a expliqué aux diplomates réunis au sommet onusien sur le climat en Pologne que des scientifiques avaient procédé à un examen exhaustif des données de leur récent rapport spécial sur le maintien des augmentations moyennes de température à 1,5 degré Celsius.

« Le rapport montre que non seulement une action, mais une action urgente est nécessaire », a déclaré M. Lee.

Ses commentaires interviennent alors que dirigeants nationaux et ministres se sont réunis à Katowice pour la dernière partie des pourparlers de deux semaines. Il ne reste que quelques jours pour résoudre les problèmes épineux sur lesquels les diplomates ont du mal à s'entendre.

Patricia Espinosa, la chef onusienne du climat, a exhorté les délégués à faire preuve d'un « esprit d'unité » jusqu'à la fin de la semaine.

Cette absence d'unité était flagrante samedi, lorsque les États-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite et le Koweït ont bloqué l'approbation du rapport du GIEC. Cette initiative a suscité la colère des groupes environnementaux, qui ont accusé les quatre pays de faire passer leurs intérêts en tant qu'exportateurs de pétrole avant la nécessité de freiner le réchauffement climatique.

Les scientifiques affirment que les émissions de gaz à effet de serre - telles que le dioxyde de carbone, qui est produit par la combustion de combustibles fossiles - doivent diminuer de manière significative d'ici 2030 et atteindre un niveau proche de zéro d'ici le milieu du siècle si l'on veut atteindre l'objectif le plus ambitieux de l'accord de Paris de 2015.

« Nous allons dans la bonne direction dans de nombreux domaines, mais nous devons en faire plus et plus vite », a déclaré M. Lee, en ajoutant que réduire les émissions plus tôt donnerait au monde plus de marge de manoeuvre plus tard.

« Faire plus maintenant réduit la dépendance à l'égard de techniques non éprouvées et risquées pour éliminer le dioxyde de carbone de l'atmosphère, a-t-il expliqué. Faire moins maintenant engagerait aujourd'hui les gens aux risques connus d'un dépassement de 1,5 C, avec de graves risques de perte irréversible d'écosystèmes et de chocs pour les besoins fondamentaux des sociétés humaines les plus fragiles. »

M. Lee a averti que les nouvelles centrales énergétiques au charbon en cours de construction présentaient un risque environnemental et économique.

« La construction de centrales au charbon et autres centrales à combustibles fossiles oblige désormais les gouvernements à utiliser cette infrastructure pendant des décennies, allant ainsi à l'encontre de notre ambition collective, a-t-il déploré. Ou cela risque de gaspiller cet investissement en créant des actifs bloqués. »

Les négociateurs ont jusqu'à vendredi pour finaliser les règles de l'accord de Paris, y compris des détails tels que la manière dont les pays vont enregistrer et déclarer leurs émissions.

Les discussions ont également pour but de pousser les pays à s'engager dans des objectifs plus ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les pays pauvres, quant à eux, veulent des assurances sur le soutien financier pour lutter contre les changements climatiques.