La pression s'accentue sur le premier ministre François Legault pour qu'il représente le Québec au grand sommet annuel des Nations unies sur le climat en décembre, comme l'avaient fait ses prédécesseurs.

Après le Parti québécois et Québec solidaire, c'est au tour de l'opposition officielle libérale et de Greenpeace de réclamer la participation de M. Legault et de sa nouvelle ministre de l'Environnement, MarieChantal Chassé, à la COP24, la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, du 3 au 14 décembre, à Katowice, en Pologne.

Les premiers ministres Philippe Couillard et Jean Charest avaient pris part activement à ces sommets annuels, au côté d'autres chefs de gouvernement et d'État, mais François Legault hésite encore à se rendre en Pologne. Il y a une dizaine de jours, il avait invoqué son « agenda très chargé » des prochaines semaines.

Or des décisions importantes qui concernent le Québec sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) doivent être prises à la COP24, dans la foulée de l'Accord de Paris de 2015. C'est le Canada qui est signataire, mais ce sont les provinces qui mettent en oeuvre des moyens d'atteindre les cibles de réduction de GES.

Le PLQ veut une délégation

Dans une entrevue avec La Presse canadienne diffusée dimanche, le chef intérimaire du Parti libéral (PLQ), Pierre Arcand, a appelé le premier ministre à prendre la tête de toute une délégation québécoise composée autant d'élus de tous les partis que de représentants de la société civile et d'entreprises pour envoyer un signal fort.

« François Legault doit montrer à la face du monde que le Québec est sérieux [sur l'enjeu des changements climatiques] et qu'il veut continuer à exercer le leadership que nous démontrons depuis nombre d'années », a affirmé M. Arcand.

C'est d'autant plus important, selon lui, que les États-Unis ne semblent pas intéressés par cet enjeu et qu'il ne faut pas briser l'élan de l'Accord de Paris. Il a rappelé que le gouvernement du Québec avait pris part à la plupart des COP au fil des années.

Le chef caquiste a ainsi une occasion de refaire sa « crédibilité douteuse » en environnement, a évoqué M. Arcand, en faisant référence au silence de la CAQ dans ce dossier durant la campagne électorale et à la volte-face de M. Legault concernant les hydrocarbures sur l'île d'Anticosti.

Un « rôle majeur »

Pour sa part, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, a déclaré que « l'urgence est là » et que le Québec a un « rôle majeur » à jouer à cette conférence.

« C'est un passage presque obligé pour un nouveau gouvernement qui doit mettre les bouchées doubles parce qu'il est arrivé les mains vides en campagne électorale sur la question des changements climatiques et il a énormément de retard à rattraper, alors que le défi n'a jamais été aussi grand », a-t-il commenté dans un entretien récent avec La Presse canadienne.

M. Bonin a expliqué qu'une toute nouvelle économie verte est en émergence rapide et le Québec peut en profiter davantage qu'il ne le fait actuellement.

Également, MarieChantal Chassé doit accompagner le premier ministre, de l'avis de M. Bonin, parce qu'elle est nouvelle, elle doit avoir un « cours urgence climatique 101 » et qu'elle doit « développer des partenariats ».

La décision se fait attendre

Contacté vendredi, le cabinet de la ministre de l'Environnement a indiqué que la décision de participer ou non n'avait pas encore été prise. Des discussions étaient cours la semaine dernière avec le ministère des Relations internationales, a dit le directeur de cabinet de Mme Chassé, Hugo Delaney.

Quant à savoir si on en était encore à évaluer la pertinence de la mission ou à quelle étape étaient rendues les démarches, M. Delaney a répondu qu'il préférait ne pas caractériser la nature des discussions.

Le fédéral a confirmé vendredi que la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, sera présente à Katowice. Pour ce qui est du premier ministre Justin Trudeau, rien n'est confirmé : on s'est borné à dire que le Canada sera bien représenté.

La COP24 s'ouvrira dans pratiquement cinq semaines, mais il faut beaucoup de temps pour préparer une mission gouvernementale de cette envergure.

Le programme du nouveau gouvernement caquiste s'annonce chargé d'ici là. La nouvelle Législature doit siéger à compter du 27 novembre, en principe pour deux semaines, jusqu'au 7 décembre.

Il est fort à parier que le premier ministre entend être présent en Chambre, d'autant plus que son gouvernement est censé déposer quelques projets de loi pour marquer son arrivée au pouvoir.

S'il veut s'imposer sur la scène internationale parmi les États fédérés en matière d'environnement, M. Legault pourrait donc se rendre à Katowice seulement à compter de la deuxième semaine de la COP24.

À la mi-octobre, autant le Parti québécois que Québec solidaire avaient appelé le nouveau premier ministre à se rendre au sommet climatique.

Le Québec est reconnu comme un chef de file dans le monde parmi les États fédérés en matière d'environnement et les premiers ministres Philippe Couillard ainsi que Jean Charest avaient beaucoup misé sur la « diplomatie climatique ».