La démission du ministre français Nicolas Hulot ne met pas en péril les engagements de l'Accord de Paris sur le climat, a indiqué la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, mercredi, en marge d'un événement dans une école de Gatineau pour promouvoir la lutte contre la pollution des plastiques.

«C'est dommage, mais on va continuer de travailler avec la France», a-t-elle répondu en précisant qu'elle avait collaboré de près avec M. Hulot durant plus d'un an.

Nicolas Hulot a pris tout le monde par surprise mardi en annonçant sa démission en direct à la radio. Il a affirmé que le gouvernement français n'était pas à la hauteur en matière de lutte contre les changements climatiques et qu'il en avait assez de s'«accommoder des petits pas», alors que «la planète devient une étuve».

La démission fracassante de M. Hulot a porté un coup à la crédibilité du président français Emmanuel Macron en matière de lutte contre les changements climatiques.

«La France travaille très fort sur les changements climatiques», a affirmé la ministre en réitérant sa volonté de collaborer avec le gouvernement Macron.

«C'est sûr qu'on a beaucoup de travail à faire», a-t-elle ensuite reconnu.

Depuis 2015, 195 pays se sont engagés à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre en signant l'Accord de Paris sur le climat pour limiter la hausse de température de la planète sous la barre des 2 degrés Celsius.

À l'instar de l'Élysée, la crédibilité du gouvernement Trudeau en matière de lutte contre les changements climatiques a été mise à mal depuis l'annonce de l'achat de l'oléoduc Trans Mountain en mai.

Les mots «changement climatique» ont d'ailleurs été enlevés mardi du nom d'un comité du Cabinet. Le comité qui était chargé de l'environnement, du changement climatique et de l'énergie s'occupera maintenant de l'environnement et de la croissance propre.

Une source au sein du bureau du premier ministre a assuré La Presse canadienne que ce changement ne signalait pas un changement de politique. Ce comité a toujours pour mandat d'atténuer les changements climatiques, peut-on lire dans sa description.

La ministre McKenna, qui demeure ministre de l'Environnement et du Changement climatique, a quant à elle continué de défendre les choix de son gouvernement.

«Je travaille avec tout le cabinet, a-t-elle souligné. Et c'est le premier ministre qui dit le plus fort qu'on doit s'attaquer aux changements climatiques, mais c'est une transition. Ça n'arrivera pas du jour au lendemain.»

Elle a rappelé les politiques mises en place pour réduire les émissions de gaz à effet de serre comme la taxe sur le carbone, les investissements dans les transports en commun, dans les énergies renouvelables et dans les technologies vertes tout en s'attaquant à ses adversaires.

«Je suis très fière de ce que notre gouvernement fait et c'est dommage que des politiciens conservateurs ne veulent rien faire sur les changements climatiques», a-t-elle dit.

Des propos auxquels le premier ministre Justin Trudeau a fait écho lors de son passage dans une école de Kapuskasing en Ontario mercredi.

«C'est intéressant de voir que les conservateurs, au provincial ou fédéral, refusent de parler de leur plan pour contrer les changements climatiques», a-t-il critiqué.

Dès son entrée en poste, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a retiré sa province du marché sur le carbone auquel le Québec participe avec la Californie. Il entend maintenant contester la taxe sur le carbone fédérale avec la Saskatchewan. Cette taxe sera imposée à compter du 1er janvier 2019 dans ces deux provinces, les deux seules qui refusent de mettre un prix sur le carbone.

À Ottawa, les conservateurs d'Andrew Scheer ont à maintes reprises critiqué l'impact qu'aura la taxe sur le carbone sur le portefeuille des contribuables.