Donald Trump poursuit le démolissage des réglementations environnementales héritées de Barack Obama. Cela n'empêche pas les partisans de l'accord de Paris, dont les États-Unis sont le seul pays à être sorti, de croire que l'Amérique remplira ses objectifs de réduction des gaz à effet de serre.

Le dernier coup de boutoir concerne les réglementations strictes décrétées en 2012 par l'administration Obama sur la consommation de carburant et la pollution des véhicules mis en vente aux États-Unis. Selon le New York Times, l'Agence de protection de l'environnement (EPA), dirigée par un ami assumé des énergies fossiles, Scott Pruitt, va formellement proposer de revenir sur ces normes.

Cette action s'ajoute au chantier lancé à l'automne par la même EPA pour annuler la lourde réglementation concernant les centrales électriques, le Clean Power Plan. Déjà attaqué en justice, ce plan, pilier de la politique climatique de Barack Obama, devait s'appliquer en 2022 et aurait poussé à la fermeture de nombreuses centrales au charbon très polluantes. L'administration Trump veut l'enterrer pour de bon.

Ces réglementations, et d'autres, constituaient les briques de l'engagement pris par Barack Obama en 2015 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre américaines. L'objectif alors fixé, comparé à celui de l'Union européenne, était déjà très modeste. Sans ces outils, il est clairement en danger.

Mais l'Amérique est un pays décentralisé et politiquement divisé. Les États comme la Californie et New York sont gouvernés par des démocrates horrifiés par la vision climatique du président républicain.

C'est pourquoi le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est le dernier en date à avoir confié son « espoir » que les États-Unis atteignent leurs ex-engagements, malgré l'hostilité du gouvernement fédéral.

Difficile à prédire

Vingt des 50 États fédérés, une centaine de villes et un millier d'entreprises ont déjà mis en place des objectifs chiffrés de réduction des effets de serre, selon America's Pledge, une initiative lancée par l'ancien maire de New York Michael Bloomberg et le gouverneur de Californie Jerry Brown.

La Californie, à elle seule, émet environ autant de gaz à effet de serre que la France, et s'est fixée des objectifs de réduction aussi ambitieux que l'Union européenne d'ici à 2030 (-40 % par rapport à 1990).

Mais la grande question est de savoir si ces juridictions, aussi volontaristes soient-elles, pourront se substituer entièrement à l'État fédéral.

« Je ne dirais pas que c'est impossible, mais il est improbable que les États-Unis puissent y arriver sans action fédérale », dit Marc Hafstead, économiste à l'institut Resources for the Future, à l'AFP.

Selon America's Pledge, les États et villes qui soutiennent l'accord de Paris ne représentent que 35 % des émissions du pays. Le plus gros pollueur du pays, le Texas, n'en fait pas partie.

Les juridictions non-fédérales ne pourraient permettre d'atteindre que la moitié de l'objectif initial, estimait en septembre dernier le NewClimate Institute.

Un chiffre plus précis sera publié par America's Pledge en septembre au Sommet mondial pour l'action climatique organisé à San Francisco.

Pour l'instant, prévient Michelle Manion, l'une des économistes principales rédigeant ce rapport, « si on regarde seulement les engagements des États et des villes, on n'atteindra pas l'objectif ».

« On va dans la bonne direction, mais je ne peux pas vous dire où nous en serons en 2025 », dit l'économiste du World Resources Institute à l'AFP, en prévenant que des innovations technologiques pourraient complètement changer la donne.

Personne n'imaginait, il y a une dizaine d'années, que les cours du gaz naturel chuteraient autant qu'ils l'ont fait, rappelle-t-elle. Ou que le coût des panneaux solaires baisserait de 70 % en sept ans.

Ce qui compte, selon elle, est que les États continuent à encourager le passage à une économie à bas carbone, que ce soit par l'installation de stations de rechargement électrique ou par de nouvelles normes du bâtiment.

Le cas des normes environnementales pour les véhicules, que l'administration Trump veut assouplir, est un bon exemple, dit-elle. Si la Californie et les dix États du nord-est du pays, qui représentent quelque 40 % du marché des véhicules légers, continuent à imposer leurs propres réglementations strictes, il est probable que les fabricants automobiles se résigneront à garder les normes plus sévères, au lieu de créer deux types de voitures pour le marché américain.