Le réchauffement climatique met en péril certaines espèces de papillons de Grande-Bretagne, qui risquent de disparaître d'ici 2050, une menace qui pèse également sur d'autres pays européens, ont averti lundi des scientifiques.

Des chercheurs se sont penchés sur l'impact des précédentes sécheresses dans l'île - notamment celle très sévère de 1995 - sur 28 espèces de papillons.

Six d'entre elles - plus d'un cinquième de l'échantillon - se sont révélées très sensibles à la sécheresse.

La piéride du chou, papillon blanc très répandu mais peu apprécié des jardiniers car sa chenille aime le chou, la piéride de la rave, et celle du navet sont concernées. Mais aussi le Tristan, papillon brun des bois, la Sylvaine orangée ou encore le Tircis, le manque d'eau nuisant au développement de leurs larves.

Les scientifiques ont ensuite mis en regard ces informations avec les différents scénarios de réchauffement climatique, qui prédisent un accroissement des épisodes de sécheresse.

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent à leur rythme actuel - scénario dit du «laisser faire» - «d'importantes extinctions de populations de papillons sensibles à la sécheresse pourraient se produire dès 2050», souligne l'étude parue dans la revue Nature Climate Change. La probabilité de survie de ces espèces au delà de cette date serait «de l'ordre de zéro».

«Parvenir à une probabilité de plus de 50% de chance de survie de ces espèces à l'horizon 2100 est possible uniquement» à deux conditions: un réchauffement climatique limité à 2 degrés et la restauration d'un habitat semi-naturel pour les papillons, soutient l'étude.

La communauté internationale s'est fixée en 2009 l'objectif de limiter à 2 degrés la hausse du thermomètre mondial par rapport au niveau pré-industriel. Une cible qui sera au coeur de la grande conférence internationale sur le climat qui se tiendra en décembre à Paris.

Restaurer l'habitat des papillons

Restaurer l'habitat des papillons, fragmenté par l'agriculture intensive et l'urbanisation, pourrait réduire les pertes en cas de sécheresse sévère et faciliter leur récupération, souligne l'étude.

Les chercheurs soulignent l'intérêt de recréer des corridors pour ces insectes leur permettant de se déplacer d'une zone à l'autre plutôt que de se contenter de créer des sortes de réserves.

La menace qui plane sur les papillons ne se limite pas à la Grande-Bretagne.

«Nous pensons que nos résultats peuvent être transposés à certaines régions du Nord de l'Europe et d'Amérique qui ont un usage intensif des terres similaire et des prévisions de réchauffement climatiques semblables à celles de la Grande-Bretagne», déclare à l'AFP Tom Oliver, coauteur de l'étude.

«Pour les autres pays, notamment ceux qui sont déjà plus chauds et plus secs, l'impact des sécheresses pourrait être beaucoup plus sévère», ajoute ce chercheur du Centre pour l'Écologie et l'Hydrologie de Wallingford (Oxfordshire, sud de la Grande-Bretagne).

La disparition des papillons ne sera pas seulement une perte esthétique. À l'âge adulte, ces lépidoptères se nourrissent notamment du nectar des fleurs et sont des insectes pollinisateurs.

Les papillons, qui sont surveillés depuis longtemps, sont en quelque sorte des «sentinelles» qui donnent des informations sur ce qui est susceptible d'arriver à d'autres types d'insectes, relève Tom Oliver.

«Il est probable que certaines espèces de libellules, d'abeilles, de coléoptères sont elles aussi très sensibles à la sécheresse», estime-t-il.