La saison 2013 des ouragans dans l'Atlantique, qui se termine officiellement samedi, a été la moins active depuis 1982, contrairement aux prévisions des météorologues américains, qui attribuent ce calme inhabituel à une conjonction de phénomènes atmosphériques.

Treize tempêtes tropicales se sont formées cette année depuis début juin dans le bassin atlantique et seulement deux, baptisées respectivement Ingrid et Humberto, ont atteint la force d'un ouragan, mais pas de grande puissance.

C'est aussi la première année depuis 1994 qui n'a pas vu la formation d'un ouragan majeur, dont le plus tristement célèbre est Katrina qui, en août 2005, a dévasté la Nouvelle-Orléans, un des cyclones les plus meurtriers et coûteux de l'histoire des ouragans aux États-Unis.

La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) avait pourtant prédit en mai une saison 2013 plus active que la moyenne, avec de treize à vingt tempêtes tropicales et de trois à six ouragans de forte puissance.

Bien que le nombre de tempêtes ait dépassé la moyenne historique de douze, le nombre d'ouragans moyens et majeurs est resté en dessous de la moyenne - qui est de six pour les ouragans moyens (catégories 1 et 2), et de trois pour les ouragans majeurs (catégorie 3 et au-delà).

Les ouragans de catégorie 3 et au-delà, dans l'échelle Saffir-Simpson qui en compte cinq, sont considérés de forte puissance, avec des vents d'au moins 178 km/heure. Dans les catégories 4 et 5, la vitesse des vents est égale ou supérieure à 210 et 250 km/heure respectivement.

«Une combinaison de facteurs météorologiques a atténué plusieurs caractéristiques climatiques qui, historiquement, ont produit des saisons actives d'ouragans», a expliqué dans un communiqué Gerry Bell, un des responsables du bureau de prévisions des ouragans du service de météorologie nationale de la NOAA.

Il a notamment cité «un phénomène atmosphérique qui produit des masses d'air exceptionnellement sec et des cisaillements du vent durant toute la saison des ouragans dans l'océan atlantique et la mer des Caraïbes».

Air sec du Sahara

Selon ce météorologue, «plusieurs éruptions de la couche d'air saharien» ont également contribué à désamorcer la formation de tempêtes tropicales et d'ouragans.

Cette masse d'air se forme au-dessus du Sahara à la fin du printemps jusqu'au début de l'automne, et se déplace vers la partie tropicale de l'Atlantique, transportant de très grandes quantités de poussière et d'air sec qui apparemment bloqueraient les mouvements ascendants des vents.

Selon une recherche publiée fin juin dans la revue scientifique britannique Nature, les activités humaines pourraient aussi contribuer à réduire la fréquence des tempêtes tropicales sur l'Atlantique Nord au XXe siècle, par le biais des aérosols, nom donné aux petites particules chimiques en suspension dans l'atmosphère.

Celles-ci peuvent effectivement agir sur la formation des nuages et surtout réduire la température à la surface de l'océan, diminuant la chaleur qui alimente la puissance des tempêtes.

Les travaux de Nick Dunstone, du Met Office britannique, ont ainsi montré que les tempêtes et ouragans dans l'Atlantique Nord étaient moins fréquents dans des périodes où les concentrations d'aérosols étaient élevées au-dessus de cette région.

Généralement, nombre de scientifiques s'accordent à établir un lien entre le réchauffement climatique et la fréquence et l'intensité des ouragans et des vagues de chaleur observés depuis la dernière décennie dans le monde.

Fin 2012, quelques semaines après que l'ouragan Sandy eut dévasté en octobre une partie du nord-est des États-Unis, le président Barack Obama avait blâmé le changement climatique.

«Nous savons que la température autour du globe augmente plus vite que nous le prédisions, même il y a dix ans, (...) que la calotte glaciaire arctique fond plus vite que prévu qu'il y a seulement cinq ans et qu'un nombre extraordinairement élevé d'événements météorologiques dévastateurs se sont produits en Amérique du Nord et autour du globe», déclarait-il.

Si la saison des ouragans a été calme pour les États-Unis cette année, le Mexique a été frappé par cinq tempêtes tropicales et trois ouragans.

Trois de ces phénomènes météorologiques se sont formés dans le bassin atlantique et cinq dans le nord-est du Pacifique, a précisé la NOAA.