Les ministres et délégués de près de 200 pays poursuivaient leurs négociations marathon dans la nuit de vendredi à samedi à Durban (Afrique du Sud) pour tenter d'arracher un accord redonnant du souffle à la lutte contre le changement climatique.

Au coeur de la nuit, les discussions, qui devaient initialement se terminer vendredi soir, ont repris derrière des portes closes autour d'un nouveau projet de texte portant principalement sur la création d'un futur «protocole ou autre instrument juridique applicable à tous» les pays.

Une version amendée d'un premier document qui, un peu plus tôt dans la journée, avait suscité de vives réactions chez les pays les plus vulnérables face au réchauffement. Notamment parce qu'il évoquait une entrée en vigueur «après 2020», une date bien trop tardive à leurs yeux et qui a disparu de la nouvelle version.

Avec ce nouveau texte, encore provisoire, «je pense qu'on s'est éloigné du scénario d'une faillite», a estimé Tim Gore, analyste politique pour l'ONG Oxfam, même si l'incertitude demeurait forte sur l'issue des discussions à huis clos.

Entamée le 28 novembre, la conférence de l'ONU sur le climat, largement éclipsée par la crise de l'euro, doit désormais se terminer samedi.

Les près de 200 pays réunis à Durban s'employaient principalement à éviter un conflit qui pourrait sonner le glas du protocole de Kyoto. Seul traité juridiquement contraignant sur le climat, dont la première période d'engagement s'achève fin 2012, Kyoto revêt une forte charge symbolique pour les pays en développement.

Son effondrement serait un signal très négatif deux ans après le psychodrame du sommet de Copenhague.

Leader de Greenpeace exclu

La question du degré d'ambition des actions annoncées par les différents pays pour limiter ou réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) est également au coeur des débats. Pour l'heure, elles sont loin de répondre à l'objectif, affiché à Copenhague en 2009 et réaffirmée à Cancun l'an dernier, de limiter à 2°C la hausse de la température du globe.

La volonté des Européens est d'esquisser un nouveau cadre qui imposerait des objectifs de réduction de GES à tous les pays du monde alors que Kyoto ne s'applique ni aux États-Unis, qui ne l'ont jamais ratifié, ni aux grands émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil.

Durant les deux semaines de discussions à Durban, l'Inde est apparue comme l'un des pays les plus réticents à s'engager dans un nouveau traité. Dans les débats, l'Inde s'est notamment émue de voir certains pays industrialisés, comme le Canada, sortir du protocole de Kyoto «sans même un au revoir poli», selon une retranscription obtenue par l'AFP.

Les États-Unis n'ont pas voulu adhérer à l'idée d'un «accord juridiquement contraignant». La position de la Chine restait difficile à décrypter.

Faute d'accord sur une «feuille de route», l'Europe menace de ne pas reprendre d'engagements dans le cadre de Kyoto, ce qui viderait de son contenu ce traité emblématique signé en 1997 au Japon.

«Tous les pays, petits comme grands, ont besoin d'être écoutés», a souligné la ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Maite Nkoana-Mashabane, actrice-clé des dernières heures de négociations en tant que présidente de la conférence.

Les ONG ont elles affiché leur impatience en manifestant dans le centre de conférence vendredi. «Ce qui est en jeu ici est l'avenir de nos enfants et de nos petits-enfants!», a souligné le chef de file de Greenpeace, le Sud-africain Kumi Naidoo, avant d'être exclu du bâtiment et interdit d'y revenir.

«Ce que nous voyons, ce sont des pas de bébés. Ce n'est pas à la hauteur de l'enjeu», a-t-il jugé.