Les pays industrialisés concernés par le Protocole de Kyoto doivent réfléchir «plus sérieusement» à la suite à donner à ce traité dont la première période d'engagement s'achève en 2012, a déclaré jeudi la nouvelle patronne du climat à l'ONU, Christina Figueres.

«Pour progresser, les gouvernements doivent aussi avoir une conversation plus sérieuse au sujet du Protocole de Kyoto, le seul accord international légalement contraignant sur les réductions d'émissions (de gaz à effet de serre (GES), ndlr)», a affirmé Mme Figueres, lors d'une conférence de presse à Bonn diffusée sur internet.

«Ils doivent aborder la question de leurs divisions au sujet d'une seconde période d'engagement du Protocole de Kyoto, notamment pour clarifier la question de l'avenir du marché du carbone», a-t-elle ajouté.

Conclu en 1997, le Protocole de Kyoto impose à 37 pays industrialisés qui l'ont ratifié et à l'Union européenne de réduire leurs émissions de GES de plus de 5% sur la période 2008-2012. Les Etats-Unis ne l'ont jamais ratifié.

Les pays en développement réclament une nouvelle période d'engagement à compter de 2013. Ils tiennent particulièrement à ce traité qui oblige les pays du nord à prendre en compte leur responsabilité «historique» dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère.

Or, depuis 1997, la donne a profondément changé: les pays industralisés concernés par le Protocole ne représentent plus que 30% des émissions mondiales et le traité ne concerne pas de grands émergents comme l'Inde ou la Chine, qui est devenue le premier émetteur mondial de GES.

D'où la réticence de nombreux pays comme le Japon ou le Canada à s'engager pour une deuxième période.

Mais pour l'heure, aucun autre accord global et contraignant sur la réduction des émissions de GES, à l'origine du réchauffement climatique, ne semble à portée de main.

La dernière réunion climat à Copenhague, en décembre 2009, n'a débouché que sur un accord politique fixant comme objectif de limiter la hausse de la température de la planète à 2 degrés, tout en restant flou sur les moyens d'y parvenir.

Et Mme Figueres, à l'instar de son prédécesseur Yvo de Boer, estime qu'il ne faut pas s'attendre à un traité global lors du prochain rendez-vous climat à Cancun (Mexique), fin 2010. «Ce sera une étape très importante, mais pas la solution définitive», a-t-elle déclaré.

Revenant sur le Protocole de Kyoto, Mme Figueres a indiqué que «les gouvernements ont demandé au secrétariat (de la Convention climat des Nations unies --UNFCCC- qu'elle dirige depuis le 8 juillet, ndlr) de produire une analyse de toutes les options légales afin d'éviter un vide entre la première et la deuxième période d'engagement».

«Nous pouvons le prendre comme un signe que les gouvernements sont prêts à en discuter», a-t-elle ajouté, estimant qu'«un des intérêts des parties est de ne pas interrompre le marché international du carbone».

Le texte, publié le 20 juillet, propose une série d'options dont la prolongation de la première période d'engagement jusqu'à «par exemple 2014».

Le Protocole de Kyoto prévoit des mécanismes permettant à des entreprises ou un pays l'ayant ratifié, d'acquérir des crédits d'émission, qu'il peut utiliser ou vendre sur le marché du carbone.