Les délégués de près de 180 pays réunis à Bonn (Allemagne) tentaient dimanche, dans la douleur, de trouver un accord sur la façon de traduire les engagements politiques pris à Copenhague pour limiter le réchauffement climatique.

«Si nous assistons à un autre échec à Cancun (au Mexique, où aura lieu la prochaine grand-messe du climat fin 2010), cela entraînera une grave perte de confiance sur l'efficacité de ce processus», a mis en garde Yvo de Boer, plus haut responsable de l'ONU chargé du climat.

Jugeant impératif d'aboutir d'ici décembre à une «architecture fonctionnelle» pour lutter contre la hausse du thermomètre mondial et s'y adapter, M. de Boer a une nouvelle fois souligné qu'il faudrait probablement attendre le rendez-vous suivant, en Afrique du Sud fin 2011, pour aboutir à un traité légalement contraignant.

Aide aux pays les plus exposés aux impacts du dérèglement climatique, transferts de technologies vertes, lutte contre la déforestation (environ un cinquième des émissions mondiales de gaz à effet de serre): l'objectif assez largement partagé est aujourd'hui d'arriver à «un jeu de décisions opérationnelles».

L'accord de Copenhague fixe comme objectif de limiter la hausse de la température de la planète à deux degrés et prévoit un financement pour les plus vulnérables à court terme (30 milliards de dollars entre 2010 et 2012) et moyen terme (100 milliards par an d'ici 2020).

Mais le statut hybride de ce document, qui n'a pas été adopté mais dont les délégués des quelque 190 pays rassemblés à Copenhague ont simplement «pris note» à l'issue d'un sommet qui a frôlé la catastrophe, complique la donne.

Officiellement soutenu par plus de 110 pays, ce texte de deux pages et demi compte quelques farouches détracteurs, Venezuela en tête, qui dénoncent les conditions dans lesquelles il a été négocié.

L'attitude de la Chine, qui a participé à la rédaction mais souffle aujourd'hui le chaud et le froid, laisse nombre de négociateurs occidentaux perplexes.

Faut-il donner mandat à la présidente du principal groupe de travail, la Zimbabwéenne Margaret Mukahanana-Sangarwe, pour rédiger un nouveau texte en s'appuyant sur l'accord de Copenhague ? Cette question faisait l'objet d'un réel blocage dimanche après-midi.

Constatant l'absence d'accord à ce stade, les Etats-Unis ont lancé ont une mise en garde sans détours: le texte négocié in extremis dans la capitale danoise par une vingtaine de chefs d'Etat, dont Barack Obama, est «un tout».

Et le principal négociateur américain Jonathan Pershing de rappeler face à la presse qu'il prévoit notamment une obligation de transparence de la part des grands pays émergents sur leurs efforts en termes d'émissions de gaz à effet de serre.

«Nous ne sommes certainement pas prêts à dire: nous avons 100 milliards de dollars à distribuer, vous pouvez en disposer et, ne vous inquiétez pas, cela n'implique aucun impératif d'action de votre part», a-t-il lancé.

En plus des réunions onusiennes, l'agenda climatique d'ici Cancun (29 novembre au 10 décembre) est chargé.

Les 17 principales économies de la planète, qui représentent 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, ont rendez-vous les 18 et 19 avril à Washington.

Dans la foulée, et dans un registre très différent, la Bolivie, farouchement opposée à l'accord de Copenhague, accueillera la «Conférence mondiale des peuples» sur le changement climatique, à Cochabamba (centre).

L'Allemagne a de son côté invité une cinquantaine de ministres de l'Environnement début mai, sur le Petersberg, colline située près de Bonn.