À moins de deux semaines de la Conférence de Copenhague sur les changements climatiques, et alors que le président américain, Barack Obama, songe lui-même à assister à l'important sommet, la pression monte sur le gouvernement de Stephen Harper. Les partis de l'opposition, appuyés par les groupes environnementalistes, ont fait front commun, hier, pour sommer Ottawa de changer sa position dans le dossier.

Les députés du Parti libéral du Canada et du NPD ont voté en faveur d'une motion initiée par le Bloc québécois, qui réclame que le gouvernement canadien arrive à la table de négociations à Copenhague avec des propositions concrètes, dont une diminution de 25% en cible absolue des émissions de gaz à effet de serre des pays industrialisés par rapport à 1990, d'ici 2020.

 

Le gouvernement étant minoritaire à la Chambre des communes, la motion a été adoptée par une majorité de députés, qui estiment que la position actuelle du gouvernement ne représente pas la volonté de la plupart des Canadiens.

«M. Prentice (le ministre de l'Environnement) se rendra à Copenhague sans représenter la majorité de la population québécoise et canadienne. Et on le fera savoir à l'international», a lancé le chef bloquiste, Gilles Duceppe, à la sortie du vote. Le Bloc québécois reproche aux conservateurs de ne défendre que les intérêts des pétrolières, au détriment de l'ensemble du Canada.

Le chef néo-démocrate, Jack Layton, a jugé que la motion était «mieux que rien». Le NPD aurait préféré faire passer son projet de loi C-311 sur la responsabilité en matière de changements climatiques avant le Conférence de Copenhague, ce qui sera vraisemblablement impossible.

Lundi, des responsables de l'administration Obama indiquaient que les États-Unis auront vraisemblablement identifié leurs cibles de réduction des gaz à effet de serre avant de se rendre au sommet de Copenhague. Le ministre canadien de l'Environnement, Jim Prentice, a annoncé le mois dernier que le Canada n'adopterait pas de cadre réglementaire sur la réduction d'émissions avant la rencontre internationale, après avoir promis le contraire pendant plus de six mois.

La motion risque toutefois de rester lettre morte. Le ministre Prentice s'est contenté d'indiquer en chambre que le gouvernement défendrait «les intérêts du Canada» à Copenhague.

Bien que la motion soit selon lui avant tout «symbolique», le critique libéral en environnement, David McGuinty, estime que le gouvernement «aura l'air fou» s'il arrive à Copenhague sans rien à proposer, aux côtés des États-Unis qui auront, semble-t-il, une ébauche de plan.

«Le ministre Prentice a fait une gaffe majeure, a dit M. McGuinty. Il a géré le dossier depuis le début en anticipant un échec à Washington, et en se cachant derrière les États-Unis.»

Le premier ministre Harper a refusé, la semaine dernière, de dire s'il assisterait en personne à la Conférence internationale. De nombreux dirigeants de la planète ont déjà confirmé leur présence à Copenhague, dont le président français Nicolas Sarkozy, la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre australien Kevin Rudd. En septembre, le premier ministre britannique, Gordon Brown, avait exhorté ses homologues internationaux à assister à l'important sommet en personne. Le président américain devrait prendre une décision «dans les prochains jours» quant à savoir s'il va participer au sommet, a indiqué hier le Washington Post.