La France et le Brésil ont adopté samedi leur «bible climatique» qui fixe des objectifs «ambitieux» mais «raisonnables» pour la réduction des gaz à effet de serre. Les deux pays vont tenter d'y faire adhérer un maximum de pays d'ici le sommet de Copenhague sur le changement climatique prévu à la mi-décembre, ont annoncé leurs présidents respectifs, Nicolas Sarkozy et Luiz Inacio Lula da Silva à l'issue d'un entretien à l'Elysée.

Le texte de deux pages, qui fixe essentiellement des grands principes, reste flou sur le financement de ces mesures, d'autant que les principaux bailleurs de fonds, notamment les Etats-Unis et la Chine, n'ont pas encore fait connaître le montant de leurs éventuelles contributions. L'Europe pour sa part a avancé le chiffre de 100 milliards d'euros d'aides aux pays en voie de développement, dont 25 à 50 milliards d'euros d'aides publiques d'ici 2020.

La France et le Brésil soulignent «que la lutte contre le changement climatique est un impératif» qui doit cependant être «entièrement compatible avec une croissance économique durable et l'éradication de la pauvreté». Ce dernier point tient particulièrement à coeur aux pays émergents, dont les émissions explosent avec une croissance rapide et des populations très importantes comme en Chine ou en Inde.

L'objectif principal, accepté désormais par la plupart des pays, selon l'Elysée, est une limitation du réchauffement mondial à 2 degrés, seuil au-delà duquel il y aurait des conséquences irréversibles pour la planète. Pour y parvenir, les pays industrialisés doivent réduire leurs gaz à effet de serre de 80% d'ici à 2050 par rapport au taux de 1990, le taux mondial devant baisser de 50% dans les mêmes délais.

Les pays non-industrialisés «doivent rechercher une croissance sobre en carbone en mettant en oeuvre des actions nationales appropriées d'atténuation dans le cadre du développement durable, facilité et soutenu par les pays développés avec des financements nouveaux et additionnels, une coopération technologique et un renforcement des capacités nationales», note le texte franco-brésilien. Et ce, alors que les émissions de ces pays sont en nette augmentation et devraient le rester pour des années encore.

Pour défendre ces points, Nicolas Sarkozy et «Lula» ne vont pas ménager leur peine. Le président français a prévu de revoir la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre danois Lars Lokke Rasmussen, hôte du sommet climatique, en marge du sommet européen jeudi prochain à Bruxelles et d'exhorter tous les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne à se rendre personnellement à Copenhague pour faire avancer les négociations.

Il a également annoncé que Gordon Brown l'avait invité au sommet du Commonwealth qui doit se tenir les 27 et 28 novembre à Trinidad et Tobago en présence de pays essentiels à rallier comme l'Inde, le Canada, l'Afrique du Sud ou encore l'Australie.

Auparavant, M. Sarkozy pourrait se rendre à un sommet des dix pays de l'Amazonie à Manaus (Brésil). Pays qui pourraient grandement contribuer à la réduction des gaz à effet de serre en limitant la déforestation comme s'y est notamment engagé le Brésil. Le chef de l'Etat a également dit qu'il irait «(lui)-même en Afrique» pour convaincre un maximum de pays africains.

«Nous ne pouvons pas permettre que le président Obama et le président Hu Jintao puissent célébrer un accord en prenant pour seule base les réalités économiques de leurs propres pays. Il ne faut pas qu'ils créent un G2 avec des intérêts très particuliers pour régler les problèmes politiques et climatiques de ces deux pays sans tenir compte des responsabilités envers toute l'humanité», a prévenu pour sa part le président brésilien qui va téléphoner lundi à son homologue américain pour «le convaincre d'avoir un peu plus d'audace». Barack Obama doit rencontrer Hu Jintao mardi à Pékin.

«Nous n'exigeons pas de faire l'impossible, ce que nous voulons c'est à peine faire ce qui est raisonnable pour que nous laissions aux futurs être humains un monde égal au moins à celui dont nous avons hérité de nos pères», a souligné Lula rappelant que le Brésil a promis de réduire ses émissions de gaz à effet de serre entre 36,1 et 38,9% d'ici 2020.

«Nous arriverons à Copenhague avec un texte ambitieux», a promis M. Sarkozy qui ira au Danemark avec «Lula» en décembre. «L'accord à minima et l'accord qui n'engagerait personne, ce n'est pas notre position. Nous n'accepterons pas de prendre un accord et que d'autres pays disent «on verra demain'. Le monde est en partage, c'est une responsabilité collective», a martelé le chef de l'Etat. «Notre texte est plus qu'une lettre d'intention. Il doit être notre bible climatique», a conclu «Lula».