Les Européens, mis à difficulté par la crise économique, s'enferrent dans des querelles d'argent à l'approche de la conférence de Copenhague sur le climat, au risque de miner la crédibilité de leur ambitieux plan d'action et de provoquer l'échec des négociations.

«Vous croyez que les autres ne regardent pas ce que nous faisons? Détrompez vous», a averti mercredi le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas, «très déçu» par le comportement des Etats de l'UE.

Durant deux jours, les ministres européens se sont disputés sur le soutien financier à accorder aux pays les plus pauvres de la planète, pour les aider à lutter contre les effets du réchauffement du climat.

Incapables de trouver un accord, du fait d'un conflit entre pays d'Europe de l'Est et de l'Ouest, ils ont laissé le soin aux dirigeants européens de trancher cette question cruciale des négociations mondiales sur le climat lors de leur sommet les 29 et 30 octobre à Bruxelles.

«Nous attendons des chefs d'Etat et de gouvernements qu'ils tranchent, car je le répète, s'il n'y pas d'argent sur la table, il n'y aura pas d'accord à Copenhague», a averti M. Dimas.

La Commission européenne a chiffré l'aide pour les pays les plus pauvres à 100 milliards d'euros par an entre 2013 et 2020 et évalue la «juste part» de l'Union européenne entre 2 et 15 milliards d'euros par an, très loin des 35 milliards réclamés par les défenseurs de l'environnement.

Lorsqu'ils ont adopté leur ambitieux plan d'action contre le réchauffement du climat en décembre 2008 (réduction des émissions de gaz à effet de serre de 20% au moins d'ici 2020), les dirigeants européens espéraient stimuler les autres grands pays, Etats-Unis notamment, laissant de côté plusieurs problèmes financiers.

Mais la crise a frappé depuis. Aucune des grandes nations industrialisées n'a réellement suivi. Les Etats-Unis, le Japon, l'Australie ont fait des promesses, mais toutes sont conditionnelles et l'enthousiasme européen est retombé au moment de payer l'addition.

L'Allemagne refuse désormais de mettre de l'argent sur la table avant le sommet de Copenhague en décembre. Une position partagée par plusieurs pays.

«On me dit que c'est tactique, mais c'est une erreur. Car si nous prenons nos décisions maintenant, nous pourrons encourager les autres pays développés à avancer des propositions», s'insurge M. Dimas.

La Pologne, la Hongrie, la République Tchèque, la Bulgarie, la Slovaquie, la Roumanie, la Slovénie, la Lettonie et la Lituanie refusent pour leur part la répartition de la charge de l'aide aux pays pauvres telle qu'elle leur est présentée.

Ils veulent bien contribuer, mais «en fonction de leurs moyens» et si possible «sur une base volontaire».

Ces neuf pays seront très durs à convaincre, car leurs partenaires leur refusent l'usufruit d'un magot d'une trentaine de milliards d'euros constitué par des droits à polluer déjà attribués mais non utilisés.

Bruxelles refuse leur report sur la période 2013-2020, car cela «déséquilibrerait (à leur avantage) le partage de l'effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l'UE».

Et puis il y a le cas de l'Italie. Le chef du gouvernement Silvio Berlusconi n'a jamais vraiment cru dans le plan de lutte européen et est très remonté contre la Commission, car elle ne veut pas lui allouer des permis de polluer supplémentaires pour les nouvelles entreprises installées dans son pays.

«Cela va nous coûter un milliard d'euros pour acheter de nouveaux droits», s'est insurgée mercredi la ministre de l'Environnement italienne Stefania Prestigiacomo.

Le sommet européen s'annonce comme une «foire d'empoigne», résume un diplomate.