À moins de 100 jours du prochain sommet international sur le climat, les négociations entre pays riches et pauvres tournent au ralenti, ce qui pourrait bien faire dérailler la Conférence de Copenhague.

En entrevue à La Presse, le ministre canadien de l'Environnement, Jim Prentice, a confié que les discussions entre les 17 plus importantes économies au monde progressent si lentement qu'une entente pourrait bien n'avoir lieu qu'en 2010, voire en 2011.

 

Réunis au sein du Major Economies Forum on Energy and Climate, à l'instigation du président Obama, les pays les plus puissants ont pour mandat de préparer le terrain pour la prochaine conférence de l'ONU, qui se tiendra au Danemark en décembre.

Or ces négociations sont quasiment au point mort, selon M. Prentice, du moins en ce qui a trait à l'engagement des pays émergents comme la Chine et l'Inde, qui refusent toute cible contraignante de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.

«Les pays en développement ont une vision très différente de celle des pays développés et nous n'avons malheureusement pas réussi à bâtir de ponts entre ces deux positions, précise le ministre. Or il s'agit de la question la plus cruciale de la future conférence de Copenhague.»

Experts et observateurs répètent depuis longtemps l'importance de s'entendre dès cette année, pour éviter qu'il y ait un «trou» entre le protocole de Kyoto, qui vient à échéance en 2012, et son éventuel successeur. Rappelons qu'entre la signature de l'accord de Kyoto et sa ratification, il s'était écoulé sept ans.

Or M. Prentice soutient qu'une entente globale est bien improbable en 2009. «Il y a toujours la possibilité d'arriver à une entente partielle à Copenhague, ajoute-t-il, laquelle ferait l'objet de plus amples négociations par la suite, lors des conférences de 2010, peut-être même de 2011.»

Habitué des conférences climatiques de l'ONU, Steven Guilbeault donne raison au ministre lorsqu'il soutient que toute entente finale devra, nécessairement, contenir à la fois un engagement des pays industrialisés et un engagement des pays en développement.

Par contre, il estime que le ministre se sert de cela pour masquer son propre laxisme en matière climatique. «Il me fait penser à Houdini, qui pouvait faire disparaître un éléphant en attirant l'attention des spectateurs ailleurs, indique le coordonnateur général adjoint d'Équiterre. Pour avoir une entente avec les pays émergents, il faut d'abord et avant tout que les pays industrialisés se fixent une cible ambitieuse.»

Par ailleurs, le ministre Prentice était de passage au Québec, hier, pour rencontrer son homologue québécoise, Line Beauchamp. Cela, dans le contexte des consultations qu'il mène avec les provinces sur la position que le pays défendra à Copenhague.

À ce sujet, il a répété être ouvert aux discussions, mais fermé à l'idée de modifier ne serait-ce que d'un iota la cible que le Canada s'est fixée pour 2020: une réduction des émissions de 20%, sous le niveau de 2006. Cela équivaut à une baisse de 3%, sous le niveau de 1990.

À titre comparatif, l'Union européenne propose une diminution de ses émissions de 20% (30% si les autres pays la suivent) et le GIEC, le groupe d'experts scientifiques de l'ONU sur le climat, recommande une réduction de 25 à 40%.

Pour joindre notre journaliste: francois.cardinal@lapresse.ca