Le G8 n'a pas suffisamment tenu compte des alertes des scientifiques sur l'évolution du climat, a regretté vendredi le président du groupe d'experts mandatés par l'ONU, le GIEC.

Pour Rajendra Pachauri, dont l'organisation a reçu le Prix Nobel de la Paix 2007, les résultats du sommet des huit pays les plus industrialisés à L'Aquila (Italie) témoignent d'«une sorte de dichotomie», a-t-il déclaré à l'AFP. «D'un côté, les dirigeants du G8 se sont accordés pour viser cet objectif de réduire les émissions (de gaz à effet de serre) de 80% d'ici à 2050 (pour les pays industrialisés) de façon à ce que la température n'excède pas une hausse de 2°C».

«Mais de l'autre, ils n'ont pas pris en compte les prévisions du GIEC selon lesquelles, pour limiter la hausse à 2°C, nous devons faire en sorte que les émissions commencent à baisser en 2015», a-t-il rappelé. «Ils auraient dû clairement énoncer ce qu'ils allaient faire pour réduire les émissions dans l'immédiat. Ils ne l'ont pas fait», a regretté M. Pachauri, joint au téléphone à Venise, où les scientifiques du GIEC étaient réunis cette semaine pour établir les contours de leur cinquième rapport, qui sera publié en 2013. Le précédent rapport avait été présenté en 2007.

Les travaux du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat visent à éclairer la décision politique en matière de lutte contre le changement climatique. Ils doivent notamment guider la négociation d'un nouvel accord mondial contre le réchauffement sous la tutelle de l'ONU, attendu en décembre à Copenhague.

M. Pachauri a rejeté les critiques selon lesquelles le délai entre les deux rapports, six ans, était trop long alors que, pour certains experts, le climat se dégrade plus rapidement qu'estimé dans le rapport de 2007. «Tout ce qui a été dit dans le 4e rapport d'évaluation reste valable», a-t-il remarqué.

«Il nous faut extraire un point de vue équilibré et global de l'ensemble de la littérature (scientifique) publiée sur le sujet. Il serait dangereux que le GIEC fonde son évaluation sur seulement un ou deux ans d'observations ou de recherches. On risquerait de rendre service aux sceptiques» du changement climatique, a-t-il estimé.