Les écologistes ont la réputation de se plaindre un peu trop souvent. Or cette fois, ils se sont peut-être réjouis un peu vite...

Au lendemain de l'entente du G8 sur le climat, certains ont affirmé que le Canada avait «cédé sous la pression» en confirmant l'importance de contenir la hausse des températures mondiales sous les 2 ºC, d'ici la fin du siècle. L'Institut Pembina y a même vu là «un pas en avant significatif» pour la communauté internationale.

 

Pourtant, aux yeux du grand patron de l'ONU, Ban Ki-moon, les résultats du sommet de L'Aquila sont plutôt jugés «insuffisants». En effet, aucun dirigeant n'aura à modifier ne serait-ce qu'une seule ligne de son plan vert pour respecter sa signature.

La réaction du ministre de l'Environnement, Jim Prentice, est d'ailleurs éloquente à ce sujet. Il dit n'avoir aucunement l'intention de réviser les cibles canadiennes à la lumière de cette déclaration, qu'il estime plus proche d'un idéal que d'un engagement formel.

Le problème n'est donc pas que les pays riches se soient fixé un plafond de 2 ºC, mais plutôt qu'ils s'en tiennent à cela.

En reconnaissant cet important seuil climatique, les membres du G8 ne font en effet qu'avaliser un consensus scientifique datant d'une bonne dizaine d'années déjà, un consensus qu'a d'ailleurs fait sien l'Union européenne... en 1996.

Il y a bien longtemps que les scientifiques répètent que pour éviter tout changement climatique «irréversible» et «dangereux», la hausse des températures mondiales ne doit pas dépasser les 2 ºC (elle a atteint 0,75 ºC au cours du siècle dernier).

Au-delà d'une telle hausse, estime le GIEC, on pourrait assister à l'effondrement de la biodiversité, à la fonte de la calotte glaciaire du Groenland et à la hausse du niveau des mers. Au pays, cela pourrait notamment se traduire par une recrudescence des incendies de forêt, des conditions agricoles difficiles et une pénurie d'eau dans certaines régions.

Voilà pourquoi il y a consensus autour d'une réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 25 à 40% d'ici 2020, puis de 80% d'ici 2050.

Certes, la déclaration des grandes puissances fait référence à cette cible de 2050. Mais d'ici là, il n'y a aucun objectif intermédiaire. Or, il est facile d'imaginer ce qu'il arrivera d'un obèse dont le but est de maigrir d'ici les 40 prochaines années...

Le texte de l'entente, également, ne spécifie aucune année de référence, ce qui ouvre la porte à toutes les interprétations. Le Canada en sait quelque chose, lui qui base ses cibles sur le niveau des émissions de 2006, plutôt que sur celui, internationalement reconnu, de 1990.

Dans ce contexte, il ne faut pas se surprendre de la réaction des pays émergents, qui se rebiffent. Si les membres du G8 - responsables de 47% des émissions mondiales - ne font pas leur part, comment exiger que les pays émergents - responsables de 25% des émissions - fassent la leur?

Pour se sortir de ce cercle vicieux, Sir David King, l'ancien conseiller scientifique en chef du gouvernement britannique, a récemment proposé d'exclure le Canada - et le Japon - des négociations internationales.

Cette idée, évidemment, a bien peu de chances de se concrétiser. Mais elle nous en dit beaucoup sur les pressions qui seront exercées sur la communauté internationale, particulièrement sur le Canada, pour qu'en décembre, la conférence de Copenhague soit un plus grand succès que le dernier sommet du G8.