Barack Obama a tenu promesse sur le climat, lors des cent premiers jours de sa présidence, en revenant sur la politique de déni de son prédécesseur, mais le succès du combat contre les gaz à effet de serre dépendra du Congrès, où ce dossier est très controversé.

«Le président a déjà pris un ensemble de décisions concrètes contre le changement climatique qui auraient été inimaginables il y a un an», observe l'expert Michael Levi, du Council on Foreign Relations, un institut de recherche indépendant. Outre les incitations financières en faveur des énergies vertes prises dans le cadre du plan de relance économique, M. Obama a mis le Congrès au pied du mur avec la décision de l'Agence de protection de l'environnement (EPA) de proclamer les gaz à effet de serre «danger pour la santé publique», souligne M. Levi pour l'AFP.

L'EPA ouvre ainsi la voie à une réglementation des sept milliards de tonnes annuelles de CO2 émises par 1,5 million de pollueurs qui pourraient tomber sous le coup de la loi antipollution («Clean Air Act») de 1970.

Mais la Maison Blanche a dit vouloir éviter de réglementer ces gaz, préférant la mise en place d'un marché de droits d'émissions qui créerait une forte incitation économique et développerait davantage de sources d'énergies propres, tout en créant «des millions d'emplois».

M. Obama a lancé un appel au Congrès pour la mise en place d'un tel marché dans son premier projet de budget, avec pour objectif de réduire de 14% ces émissions d'ici 2020 par rapport à leur niveau de 2005.

Répondant à l'appel du président, la Chambre des représentants a présenté fin mars un projet de loi sur le climat et l'énergie prévoyant une réduction des émissions de gaz à effet de serre aux Etats-Unis --les plus élevées du monde par habitant-- de 20% d'ici 2020 par rapport à 2005.

Les nombreuses auditions tenues cette semaine sur le texte ont révélé une vive hostilité de la minorité républicaine, principale porte-voix des milieux industriels, notamment dans la production électrique à base de charbon --50% aux Etats-Unis-- et les pétroliers, contre un marché de droits d'émission.

Citant «une étude indépendante» du Massachusetts institute of technology (MIT), Mike Pence, influent représentant républicain, a affirmé qu'un marché d'émissions entraînerait un surcoût de 3.128 dollars annuellement pour une famille moyenne et coûterait des millions d'emplois.

Mais des élus démocrates centristes se sont aussi dits inquiets de l'instauration d'un mécanisme de réduction des émissions de CO2 qui ne serait pas suivi de gestes similaires de l'Inde et de la Chine, en train de devenir le premier Etat pollueur de la planète, devant l'Oncle Sam.

«Ce projet de loi ne pourra pas combattre le réchauffement si les pays en développement ne sont pas inclus», a lancé le sénateur démocrate Evan Bayh.

Son collègue républicain Richard Lugar a averti que «l'absence d'engagements crédibles de la Chine et de l'Inde (...) serait un énorme obstacle au vote d'une loi sur le climat aux Etats-Unis».

Ces déclarations révèlent la position des centristres des deux partis sur le climat sans lesquels une loi ne peut être adoptée, relève l'analyste Michael Levi, selon qui M. Obama pourrait néanmoins réussir avec «patience et pragmatisme, des qualités dont il a déjà fait preuve».