Sécheresses, inondations meurtrières, tempêtes: l'Europe va souffrir dans les années à venir du changement climatique, surtout les Etats du sud, et doit se préparer pour atténuer l'impact sur les populations, a averti mercredi la Commission européenne.

«Même si nous réduisons à zéro nos émissions de gaz à effet de serre, à ce stade, il n'est plus possible d'inverser la machine du changement climatique et ses conséquences sont irréversibles. Il devient donc urgent de se préparer», a prévenu le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas au cours d'une conférence de presse.

«Aucun pan de nos économies n'échappera à cela», a-t-il insisté.

«Les pénuries en eau affectent 14 de nos Etats (sur 27), soit 100 millions de personnes. Depuis 1998, nous avons connu 100 grandes inondations qui ont fait plus de 700 morts, déplacé un demi million de personnes et causé pour 25 milliards d'euros de dégâts», a-t-il indiqué.

«Ouragans, sécheresses, inondations, nous devons éviter que les extrêmes ne deviennent de plus en plus fréquents et graves», a-t-il insisté.

Mais les efforts mis en oeuvre par les Européens risquent d'être insuffisants, a-t-il reconnu.

«Les scientifiques réunis la semaine dernière à Copenhague ont souligné que le réchauffement se poursuit à un rythme plus accéléré et leur message est qu'une réduction de 30% des gaz a effet de serre pourrait ne pas suffire si nous ne voulons pas dépasser un réchauffement de 2 degrés celsius en 2050», a-t-il souligné.

L'UE s'est engagée à réduire ses émissions de 20% en 2020 par rapport à leurs niveaux de 1990 et à porter cet effort à 30% en cas d'accord international en décembre à Copenhague.

Elle demande un effort comparable de la part des autres pays développés, mais pour l'instant, «aucun engagement n'a été pris», a regretté M. Dimas.

Les Etats-Unis se proposent de réduire leurs émissions de 20% par rapport à leurs niveaux de 2005, «ce qui n'est pas tout à fait ce qui a été prévu», car «cela signifie une réduction de 5-6% par rapport à 1990», a noté M. Dimas.

Stavros Dimas n'a pas souhaité chiffrer l'effort d'adaptation de l'Europe. «Nous attendons une étude pour la fin de l'année sur les coûts», a-t-il indiqué.

Les Nations Unies ont chiffré l'effort entre 6 et 31 milliards de dollars par an d'ici à 2030 pour les 27 pays de l'UE.

En Europe, «les Néerlandais ont chiffré entre 1,2 et 1,6 milliards d'euros par an jusqu'en 2050 les travaux nécessaires pour protéger les zones les plus basses des inondations. Et ils prendront les mesures parce que c'est vital», a expliqué M. Dimas.

Les études d'impact utilisées par la Commission européenne sont inquiétantes, mais les effets ont déjà commencé à se faire sentir: vagues de chaleur mortelles et tornades en France, pénurie d'eau en Espagne, incendies dévastateurs en Grèce et au Portugal, inondations au Royaume Uni et en Allemagne.