L'Australie, en proie à des incendies meurtriers, est le pays habité le plus sec au monde avec un environnement naturellement propice aux feux, mais les effets du réchauffement climatique sont de nature à décupler leur gravité, ont averti lundi des experts.

«Le réchauffement, le climat et la sécheresse modifient la nature, la férocité et la durée des feux de brousse», a expliqué Gary Morgan, chef du Centre de recherche Bushfire Coopérative de Sydney.

«Les feux de ce week-end illustrent la nécessité de recherches scientifiques pour améliorer notre compréhension des nombreuses incidences qu'ont ces feux», a-t-il ajouté.

L'Australie est en proie aux incendies les plus meurtriers de son histoire qui ont coûté la vie à au moins 131 personnes depuis samedi dans le sud-est du pays.

«Je n'ai jamais vu des conditions climatiques aussi extrêmes que celles qui ont été observées samedi. C'est sans précédent», a souligné Mark Adams, spécialiste des incendies à l'université de Sydney.

Les flammes se sont propagées à la faveur d'un dangereux cocktail: des températures record, une sécheresse inédite et des vents violents.

Le mercure a frôlé samedi les 47° près de Melbourne, un record pour un mois de février.

Et tandis que les feux ravageaient des milliers de kilomètres carrés au sud, l'Etat du Queensland (nord-est) a été récemment en proie à des inondations provoquées par des pluies diluviennes à la suite de cyclones.

«Nous n'avons pas encore assez de de preuves pour expliquer pleinement ce qui s'est passé ces derniers jours en matière de réchauffement climatique, mais tous les éléments scientifiques dont nous disposons jusqu'à présent démontrent que nous pouvons nous attendre à des conditions météorologiques extrêmes dans les années à venir», a averti M. Adams.

L'Australie a connu en 2007 une sécheresse historique. La production agricole avait diminué de 10% à cause de la sécheresse, qui a ruiné de nombreuses communautés rurales.

Selon les services de météorologie australiens et l'Organisation fédérale pour la recherche scientifique et industrielle (CSIRO), qui ont établi un scénario catastrophe en lien avec les effets du réchauffement, le nombre de jours durant lesquels les incendies présenteront un danger extrême risque de doubler d'ici 2050.

L'organisation écologiste Greenpeace a de son côté établi de noires prédictions pour le pays-continent en lien avec les effets du réchauffement: «l'Australie risque des épisodes de sécheresse plus fréquents, des températures plus élevées, des feux plus intenses, de même des cyclones et des inondations aux conséquences plus lourdes».

«L'échelle de la tragédie devrait être un aiguillon pour les responsables politiques sur la nécessité de s'attaquer de façon urgente au réchauffement climatique», a estimé John Hepburn, l'un des responsables de campagne de l'organisation.