Les températures automnales atteignent des niveaux record dans l'Arctique, l'océan se réchauffe dans la région et les troupeaux de caribous semblent décliner, indique le troisième rapport annuel sur l'Arctique.

«La planète est évidemment interconnectée, alors ce qui arrive dans l'Arctique est important (pour le reste du monde)», a indiqué Jackie Richter-Menge lors de la publication du rapport du Cold Regions Research and Engineering Laboratory à Hanover, au New Hampshire. 

Le troisième Arctic Report Card, signé par 46 scientifiques de 10 pays, a étudié diverses conditions dans l'Arctique, une région qui devrait être l'une des premières à ressentir les impacts du réchauffement climatique, selon les spécialistes.

«Les changements dans l'Arctique témoignent d'un effet domino qui est dû à plusieurs causes et qui est plus visible dans cette zone nordique que dans d'autres régions», a affirmé l'océanographe James Overland qui travaille au Pacific Marine Environmental Laboratory de la National Oceanic and Atmospheric Administration, à Seattle.

La région arctique reflète souvent les changements de façon rapide et dramatique, a expliqué le scientifique.

Les températures automnales, par exemple, dépassent la normale de cinq degrés Celsius dans l'Arctique. Le rapport indique que l'année 2007 a été la plus chaude jamais enregistrée dans cette région, et ces températures élevées ont provoqué une fonte record des glaces marines.

La fonte des glaces entraîne un réchauffement de l'océan, qui est davantage frappé par les rayons du soleil. Ce réchauffement a des impacts sur la vie marine et terrestre, en plus de réduire la quantité de glace marine hivernale qui reste en place jusqu'à l'été.

L'étude a également remarqué un début de réchauffement des terres arctiques et une augmentation de la verdure. La toundra laisse de plus en plus place à des arbustes qui étaient jusqu'ici absents de ces régions de pergélisol.

Même si le réchauffement se poursuit, son rythme est néanmoins moins rapide que lors des années 1990 en raison de variabilité naturelle, selon les chercheurs.

Des cycles naturels de réchauffement et de refroidissement s'ajoutent aux effets du réchauffement planétaire et les années 1990 ont connu un cycle de réchauffement qui a contribué à la hausse des températures. Des cycles plus froids dans certaines régions ont maintenant ralenti l'augmentation des températures, mais James Overland a indiqué qu'il s'attendait à ce qu'elle s'accélère à nouveau quand le prochain cycle de réchauffement surviendra.

Parmi les autres conclusions du rapport:

- l'océan Arctique a continué de se réchauffer et il est devenu moins salé en raison de la fonte des glaces. L'élévation du niveau des mers a également atteint un niveau «sans précédent» de presque 0,254 centimètres par année;

- le réchauffement s'est poursuivi autour du Groenland en 2007, entraînant un niveau record de fonte des glaces et faisant de la région le plus important collaborateur individuel à l'élévation planétaire du niveau des mers;

- les troupeaux de caribous, qui étaient en hausse depuis les années 1970, semblent en voie de se maintenir, ou même de diminue;

- la population d'oies a augmenté, grâce à l'élargissement de leur territoire dans l'Arctique;

- les données sur les mammifères marins sont limitées. Les spécialistes s'inquiètent du nombre peu élevé d'ours polaires dans certaines régions, l'état de plusieurs groupes de morses est inconnu, et la population de certaines baleines augmente alors que celle d'autres espèces diminue.