La récupération des pneus usagés, financée par les automobilistes par une surtaxe, est déficiente, dénonce la vérificatrice générale Guylaine Leclerc dans un rapport publié vendredi. La cause: la mauvaise gestion de ce programme par Recyc-Québec.

Chaque fois qu'ils achètent un pneu neuf, les consommateurs versent une surcharge de 3$ à la société d'État pour qu'elle assure la récupération et la valorisation des pneus hors d'usage. C'est donc 25 millions par année qui entrent dans ses coffres.

Or, constate Mme Leclerc, les stocks de pneus hors d'usage ont doublé en deux ans, passant de 15 400 tonnes à 33 400 tonnes. Et Recyc-Québec est incapable de trouver des débouchés pour leur donner une seconde vie.

«Recyc-Québec est réactive plutôt que proactive dans sa gestion des pneus hors d'usage, constate Mme Leclerc. Son mode de gestion ne lui permet pas de jouer pleinement son rôle ni de contribuer de façon optimale à l'atteinte des objectifs du programmer sur les pneus hors d'usage.»

La vérificatrice reproche à la société d'État de ne pas assez influencer le développement de l'industrie des pneus usés. Dans les 10 dernières années, le nombre d'entreprises de ce secteur est passé de 10 à 4, ce qui limite la concurrence et augmente la dépendance de Recyc-Québec à leur égard. 

En fait, au moment où le nombre de recycleurs baissait, le montant des subventions que leur versait Recyc-Québec augmentait. De 3,8 millions en 2010, elles ont totalisé 7,2 millions en 2017.

La situation aurait pu être évitée si Recyc-Québec avait mieux soutenu l'innovation et le développement de produits dérivés des pneus usagés, selon la vérificatrice. Elle reproche aussi à la société d'État de ne pas faire le suivi des pneus qui sont récupérés par des recycleurs. Lorsque ceux-ci en prennent possession, elle considère que son objectif de «zéro déchet» soit atteint sans s'en assurer.