Ottawa a ordonné l'abattage complet d'un élevage de 3000 bêtes dans les Laurentides. Mais comment en est-on arrivé là ? Le point sur la situation.

RAPPEL DES FAITS

Le 10 septembre dernier, l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a mis en quarantaine le troupeau de 3000 cerfs des fermes Harpur, à Grenville-sur-la-Rouge, dans les Laurentides. La cause : la découverte d'un cas de maladie débilitante chronique (MDC), maladie dégénérative qui s'attaque au système nerveux central des cervidés. Après une enquête, voilà que l'ACIA a imposé l'abattage de tous les animaux de ce troupeau, qui feront l'objet d'analyses, ainsi que la décontamination du sol jusqu'à une profondeur de 10 pouces dans certaines zones du terrain de 1000 acres des fermes Harpur.

QU'EST-CE QUE LA MDC ?

Apparentée à la maladie de la vache folle et à la tremblante du mouton, la MDC, maladie à déclaration obligatoire, mène inévitablement à la mort des bêtes infectées. La protéine, ou prion, responsable de sa propagation se retrouve dans l'urine, les selles, la salive et le sang des animaux. Ceux-ci ne présentent pas de symptômes distinctifs avant d'entrer en phase terminale, parfois jusqu'à 48 mois après avoir été infectés. La maladie peut s'attaquer à d'autres cervidés, mais pas à l'humain. C'est la toute première fois qu'un cas est décelé au Québec, où le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) a pourtant analysé quelque 9500 bêtes depuis 2007.

COURSE CONTRE LA MONTRE

Depuis quelques semaines, le MFFP ainsi que le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) travaillent donc d'arrache-pied pour s'assurer que la contamination ne se propage pas dans la région ni ailleurs au Québec. Le MFFP a donc fermé certains territoires de chasse et procédé à l'abattage de 180 bêtes en liberté pour analyser leurs ganglions et une aire de leur cerveau normalement affectée par le prion. Les personnes qui chassent dans un rayon de 45 km entourant ce secteur doivent également faire analyser toutes leurs prises. Le MAPAQ a pour sa part mené des tests sur une centaine de bêtes pouvant avoir été en contact avec l'élevage d'Harpur. Tous les prélèvements se sont révélés négatifs.

CLÔTURE DE DISCORDE

La situation inquiète la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FQCP). Celle-ci a salué l'abattage préventif, mais souhaiterait qu'une clôture supplémentaire soit installée autour des enclos des fermes Harpur afin de créer une « zone tampon » empêchant tout contact entre des bêtes en liberté et l'environnement potentiellement contaminé. « Il y a présentement une seule clôture, et même si les animaux du troupeau ne sont plus là, les animaux sauvages peuvent entrer en contact avec le prion, ne serait-ce qu'en léchant la clôture en place », explique Emily Vallée, porte-parole de la FQCP. La demande de la Fédération est jusqu'ici restée lettre morte.

ET MAINTENANT ?

Le MFFP poursuivra ses tests jusqu'à la fin de la saison de la chasse, à la mi-novembre - plusieurs centaines de bêtes auront alors fait l'objet d'analyses. Il est encore trop tôt pour déterminer s'il y a lieu d'être optimiste ou non, nous a souligné le porte-parole Nicolas Bégin. Quant aux fermes Harpur, elles recevront un dédommagement d'Ottawa en vertu du Règlement sur l'indemnisation en cas de destruction d'animaux. L'entreprise n'a pas souhaité commenter l'affaire, hier.