Les éléphants capturés dans la nature vivent cinq ans de moins que leurs congénères nés en captivité, et le «stress» de leur capture les affecte pendant des années, selon une étude publiée mardi.

Les auteurs de cette étude publiée dans Nature Communications ont passé en revue les données «exceptionnelles» issues de l'industrie forestière en Birmanie, où quelque 5000 pachydermes vivent aujourd'hui en captivité. La plupart sont utilisés dans ce secteur, transportant du bois dans des lieux difficilement accessibles aux véhicules.

Ces données leur ont permis de comparer la mortalité de 5150 animaux ayant travaillé dans les camps forestiers birmans sur 50 années, dont 2072 pris dans la nature entre 1951 et 2000.

Résultat: «L'espérance de vie moyenne d'un mâle né en captivité est de 30 ans, 45 ans pour une femelle, et pour les animaux capturés, 25 ans pour les mâles, 40 ans pour les femelles», explique à l'AFP Mirkka Lahdenperä, chercheuse à l'université finlandaise de Turku.

La différence est similaire quel que soit le type de capture (en groupe, sédation, au lasso...), mais ne prend pas en compte la mortalité lors de la capture elle-même, estimée dans de précédentes études entre 5 et 30 %.

Dans les camps forestiers birmans, les éléphants, capturés ou nés sur place, vivent de manière similaire, travaillant la journée et semi-libres la nuit dans la forêt, excluant ainsi des facteurs comme la nourriture ou l'environnement comme explication de la différence d'espérance de vie.

Les chercheurs avancent ainsi l'hypothèse du dressage «plus dur» subi par les pachydermes arrachés à la nature que ceux nés en captivité.

«Les éléphants sont connus pour être une espèce très intelligente et sociale qui peut subir des traumatismes à long terme, par exemple quand un petit est séparé de sa mère et du groupe familial», explique Mirkka Lahdenperä. «Alors il est plus que probable que leur capture et le dressage soient une expérience traumatisante», poursuit-elle.

La différence de mortalité est plus importante dans l'année suivant la capture, en raison des blessures souvent subies, mais le fait qu'elle existe encore dix années plus tard s'explique par un «stress chronique» susceptible d'affecter le système immunitaire et l'espérance de vie, ajoute l'étude.

Ces résultats sont un élément important dans la stratégie de conservation d'une espèce en danger dont la population diminue, notent les chercheurs.

Les éléphants utilisés dans l'industrie touristique ou vivants dans les zoos se reproduisent moins bien et vivent moins longtemps que les populations sauvages, selon de précédentes études. De nombreux animaux sauvages sont donc régulièrement arrachés à la nature pour tenter de consolider des populations captives.

Mais les résultats montrent que capturer des éléphants est «néfaste parce que cela réduit la population sauvage d'une espèce en danger et que cela n'apporte pas non plus de solution viable pour une population captive durable», insiste Virpi Lummaa, autre auteur de l'étude.

Une solution reste encore à inventer, alors qu'un tiers des éléphants d'Asie, soit environ 15 000, vivent en captivité.